« La scène culturelle au Maroc à l'époque d'Ibn Khaldoun », a été le thème d'une conférence animée, mercredi à la Faculté des lettres et des sciences de Rabat, par le professeur Ali El Idrissi. Cette manifestation fait suite à une série de conférences organisées par le ministère de la Culture dans plusieurs villes du Royaume, en deux sessions au cours du mois d'avril et mai prochain. Ces conférences sont animées par des spécialistes, marocains et étrangers, des études et des recherches sur la pensée d'Ibn Khaldoun, à l'occasion du 600e anniversaire du décès de ce grand penseur et savant maghrébin. Le conférencier a entamé son intervention par un exposé sur les conditions politique et sociologique ayant marqué l'époque d'Ibn Khaldoun, ainsi que les principales composantes du paysage culturel du Maroc au cours de cette période. Ces composantes se déclinaient, selon l'intervenant, en des interférences civilisationnelles notamment l'établissement du système de l'Etat, ou encore dans les styles d'urbanisme social et politique, la prolifération des écoles et leur fonction scientifique, académique et sociale, ainsi que l'apparition des Zaouayas et leur contribution dans l'encadrement de la société. Il a souligné à cet égard l'extension du soufisme et son influence sur les diverses catégories sociales, signalant le rôle des Sultans mérinides dans l'orientation de la scène culturelle au Maroc, ainsi que celui des savants de l'époque. Abordant le génie d'Ibn Khaldoun, reconnu comme le père de la sociologie moderne, l'intervenant a indiqué que ce grand savant a été l'auteur de la « théorie cyclique des civilisations rurales ou bédouines ('umran badawi) et urbaines ('umran hadari) ». Grand critique des systèmes de l'enseignement de l'époque, Ibn Khaldoun affirmait que l'éducation est le seul moyen pour développer une société. Ibn Khaldoun n'a pas manqué également de donner une description minutieuse de la société marocaine à cette époque. Selon le conférencier, Ibn Khaldoun ne s'est pas contenté du seul constat de la civilisation arabo-islamique. Loin de là, sa science a été une valeur ajoutée en élaborant de nouvelles lois régissant la vie sociale, économique, culturelle et scientifique des sociétés islamiques. En dépit de son sens critique très élevé, de sa nomination à la magistrature malékite et sa perception négative de la philosophie, Ibn Khaldoun s'est toujours préoccupé des questions politiques et spirituelles de la période et est resté ouvert à toutes les connaissances et cultures de son époque, a conclu le conférencier.