L'acteur et danseur Jean-Pierre Cassel, qui s'était rendu célèbre par ses claquettes et ses rôles dans des comédies des années 50-60, est décédé à Paris jeudi, à l'âge de 74 ans. «J'adore danser. En fait, j'adore cela depuis ma plus tendre enfance. Et je crois bien que j'ai su danser sans avoir à prendre une seule leçon!», disait l'acteur aux semelles agiles et au physique de gentleman, révélé par les comédies de Philippe de Broca dans les années 1960. Le regard azur teinté d'ironie et l'élégance indémodable d'un dandy, Jean-Pierre Cassel, mort jeudi à 74 ans des suites d'une longue maladie, était l'un des rares acteurs français à savoir jouer la comédie, chanter et danser, à l'instar de son idole Fred Astaire. Né le 27 octobre 1932 à Paris sous le nom de Jean-Pierre Crochon, ce fils d'un médecin et d'une chanteuse d'opéra, père de l'acteur Vincent Cassel, a été découvert par le roi américain de la comédie musicale Gene Kelly. Passionné de ce genre et amateur de music hall, il hantait alors les caves de jazz de Saint-Germain-des-Prés et apprenait la comédie au cours Simon, après avoir quitté le lycée. «Mes deux fils ont joliment raté leurs études et leur bac, comme moi», se plaisait à dire Jean-Pierre Cassel. Après des figurations et des petits rôles au théâtre, il est repéré dans la pièce La Prétentaine de Jacques Deval en 1957, par Philippe de Broca - alors premier assistant de Chabrol -, avec lequel il tournera cinq films, notamment Les jeux de l'amour, Le farceur et Un monsieur de compagnie. Boulimique de travail et insomniaque chronique, il alternera toute sa vie rôles au cinéma et au théâtre, téléfilms et spectacles de music hall, où il interprète les succès de Gershwin, Cole Porter ou Irving Berlin. Avec Chorus line de Michael Benett, ce Parisien très attaché à la Butte-Montmartre, où il résidait, partira en tournée à Londres, New York, Los Angeles et Toronto à la fin des années 1970. Mêlant à merveille séduction et ironie, Jean-Pierre Cassel a laissé son empreinte sur des films des années 60 et 70, tels que L'Armée des ombres de Melville ou Le Charme discret de la bourgeoisie de Buñuel, et donné la réplique à Brigitte Bardot dans L'ours et la poupée de Michel Deville (1969). Aussi à l'aise dans les comédies que les polars, il a souvent joué les séducteurs subtilement ironiques dans sa jeunesse et les pères de famille bourgeois quelques décennies plus tard. Il aura tourné dans plus d'une centaine de films, de la comédie au polar, avec Jean Renoir Le Caporal épinglé, Claude Chabrol L'enfer, René Clair Les fêtes galantes ou encore l'Américain Robert Altman Prêt à porter et le Britannique Richard Attenborough Oh! What a lovely war.«On me dit souvent que j'ai une superbe filmographie, mais pas un film sur dix n'a marché», s'amusait-il. Dans les années 80 et 90, il s'est fait moins présent au cinéma, lui préférant le petit écran et les planches, où il a joué notamment sous la direction de Roger Planchon ou Jean-Michel Ribes. «J'ai eu la veine de ne jamais cesser de travailler» disait-il. Jean-Pierre Cassel est toutefois régulièrement revenu au cinéma, notamment sous la direction de deux anciens complices, dans Chouans! de Broca en 1988 et La Cérémonie de Chabrol en 1995. Dans son livre A mes amours, publié en 2004, il rendait hommage à son idole, l'Américain Fred Astaire. Souvent sollicité par de jeunes réalisateurs, il a notamment joué dans Les rivières pourpres de Mathieu Kassovitz, qui a révélé son fils Vincent en 2000. Ces dernières semaines, il était à l'affiche de Mauvaise foi de Roschdy Zem, et du polar Contre-enquête de Franck Mancuso. Parmi les six films tournés par Jean-Pierre Cassel en 2006, figure Le scaphandre et le papillon de Julian Schnabel, en compétition au prochain festival de Cannes (16-27 mai). En septembre, il devait jouer aux côtés de Michel Aumont dans la pièce A second hand memory de Woody Allen au théâtre du Palais-Royal à Paris.