Coup de tonnerre dans la Rod Laver Arena, qui abrite les Championnats du monde jusqu'à dimanche : le prodige australien Ian Thorpe, jeune retraité, aurait fait l'objet d'un contrôle antidopage suspect en mai dernier. A deux jours de la fin des Championnats du monde, l'annonce a fait l'effet d'un coup de canon vendredi soir à Melbourne. Le quotidien sportif français L'Equipe a en effet révélé que le nageur australien Ian Thorpe aurait fait l'objet d'un contrôle antidopage suspect en mai 2006. Un contrôle inopiné diligenté par l'Agence australienne antidopage (ASADA), qui aurait révélé des valeurs anormales de testostérone et d'hormone lutéinisante (LH), deux hormones inscrites sur la liste des produits interdits de l'AMA (Agence mondiale antidopage). Six mois avant que le prodige australien ne mette fin à 24 ans à son exceptionnelle carrière, riche de cinq titres olympiques, onze titres mondiaux et vingt-trois records du monde. Toujours selon L'Equipe, l'Agence australienne antidopage (ASADA) - après un certain nombre d'analyses supplémentaires - avait décidé de classer sans suite cette affaire, faute de certitudes scientifiques. Ce que conteste la Fédération internationale de natation (FINA), qui a annoncé samedi - comme le Code mondial l'y autorise - qu'elle venait de faire appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) afin de relancer l'instruction du dossier. Une annonce pleine de précaution puisque la FINA n'a pas cité le nom de Thorpe et expliqué avoir déposé cet appel dans un but de clarification, sa commission antidopage ayant jugé « anormal le résultat de l'analyse de cet échantillon ». La Fédération internationale, par la voix notamment de son porte-parole, le Sud-Africain Sam Ramasamy, a par ailleurs indiqué que « dans le cas de tests réalisés par une agence nationale antidopage ou une fédération nationale, la FINA reçoit le résultat de l'analyse qui mentionne seulement le numéro de l'échantillon et non le nom de l'athlète ». La Fédération australienne a elle immédiatement apporté son soutien à son nageur fétiche. « Les gens qui connaissent Ian savent que quel que soit ce résultat (du contrôle), il y a une raison à cela. Je sais que Ian est fortement opposé à toute sorte de dopage augmentant la performance », a déclaré Glenn Tasker, directeur général, lors d'une conférence de presse. C'est « un jeune homme avec des principes et une intégrité incroyablement forts, je le connais depuis longtemps et je le soutiendrai à 1000% », a indiqué le responsable australien à propos de Thorpe qui s'était érigé en chantre de la lutte antidopage tout au long de sa carrière. Reste maintenant à attendre la décision du TAS qui ne devrait pas se prononcer avant la mi-avril. Quel que soit le verdict - de rouvrir ou non le dossier, l'état actuel des connaissances scientifiques ne devrait pas permettre de clarifier totalement cette histoire. Il est en effet pour l'instant impossible de prouver une prise exogène - non naturelle - de LH. Comme souvent dans les affaires de dopage, on peut d'ores et déjà penser que le malaise devrait malheureusement perdurer.