Le porte-parole du mouvement de la résistance islamique (Hamas), Sami Abou Zouhri a été intercepté, vendredi 19 mai, au point de passage de Rafah, entre l'Egypte et la bande de Gaza, en possession de 640 000 euros dissimulés sous ses vêtements. Le responsable islamiste rentrait d'un voyage au Qatar, où il était allé lever des fonds pour tenter de dénouer la crise financière qui mine les territoires palestiniens depuis l'arrivée du Hamas au pouvoir en janvier et l'arrêt de l'aide internationale et des versements israéliens. La somme d'argent a été confisquée et le chef de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a ordonné au procureur général l'ouverture d'une enquête. M. Zouhri, qui a regretté l'utilisation "de tels moyens", a été relâché. Cet incident a failli dégénérer en une nouvelle bataille rangée entre les militants armés du Hamas - arrivés sur place à l'annonce de la saisie par les douanes palestiniennes de l'argent convoyé par M. Zouhri -, et la garde présidentielle, affiliée au Fatah, qui contrôle le point de passage. Depuis plusieurs semaines, la tension entre les partisans des deux factions est très vive dans la bande de Gaza. Les affrontements ont déjà causé la mort de trois personnes et fait de nombreux blessés. Vendredi soir, des heurts ont encore opposé membres du Fatah et du Hamas, à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza. Cette semaine, passant outre les ordres de M. Abbas, qui souhaite conserver sous son autorité l'ensemble des forces de sécurité, le Hamas a déployé pour la première fois ses propres miliciens dans la bande de Gaza. La troupe, estimée à 3 000 hommes, est en grande partie issue de la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine Al-Qassam. "La force sera intégrée à la police, a assuré le premier ministre, Ismaïl Haniyeh. Sa tâche est d'assurer la sécurité intérieure et si ses effectifs ont besoin d'être augmentés, nous le ferons." Face à cette provocation, le Fatah avait répliqué en organisant un défilé des membres de la Force 17, le service de sécurité dédié au président, et M. Abbas avait annoncé le renforcement des forces de l'ordre. La majeure partie des forces de sécurité, environ 65 000 hommes, est demeurée sous son autorité après les élections de janvier. Celles qui, théoriquement, dépendent du ministère de l'intérieur - tenu par le Hamas -, sont essentiellement composées de membres du Fatah. Face à cette épreuve de force interne, M. Abbas a affirmé, vendredi, que "l'Autorité palestinienne (n'avait) qu'une seule tête".