Agadir est aujourd'hui un pôle de développement importantQuand les Portugais en 1505 ouvrent le comptoir de la Sainte-Croix du Cap Ghir, là où se trouvait jadis le quartier du Founti, disparu lors du séisme du 29 février 1960, ils ne se doutaient nullement que ce petit port de pêche, ce bourg peu connu, "Agadir el-arba" allait avoir le destin qu'il a aujourd'hui. Agadir était au départ une rade où venaient s'abreuver les marins carthaginois, phéniciens et portugais. Grâce aux Saâdiens, la baie médiévale devient un port de première importance pour l'import-export. Le sort d'Agadir a été en fait scellé par la dynastie alaouite qui, en 1760, décida de mettre cette localité en réserve de l'histoire, et ce, en ouvrant à Essaouira un port plus adapté à sa politique économique de l'époque. C'est cette même dynastie qui, deux siècles plus tard, vient au secours de la ville quand elle fut presque détruite par le mémorable tremblement de terre qui a enseveli plus de quinze mille gadiris et anéanti le travail de plusieurs générations. «Si le destin a décidé de la destruction d'Agadir, sa reconstruction dépend de notre foi et de notre volonté», avait déclaré alors le père de la Nation, feu Sa Majesté Mohammed V. A présent oubliée, la bourgade de mille habitants d'antan, l'agglomération d'Agadir, Inezgane et Aït Melloul est devenue l'un des principaux centres urbains du Maroc, avec plus de 850 mille habitants, la première station balnéaire du Maroc abritant l'une des plus belles baies du monde. Ses dix kilomètres de plage de sable fin défient la concurrence et s'étirent avec nonchalance devant un océan Atlantique majestueux. Son climat tempéré qui permet la baignade 300 jours par an est un facteur déterminant de l'attrait qu'elle exerce dans le domaine du tourisme balnéaire. Grâce à ses habitants, connus depuis toujours pour être des gens sérieux, studieux et loyaux, Agadir n'a pratiquement point subi de dégradation socioculturelle. Elle est quasiment intacte. Le développement touristique qu'elle connaît depuis surtout une décennie et qui s'accélère d'année en année, n'a pas endommagé sa spiritualité, ses mœurs et sa discipline. Le soubassement humain de la capitale du Souss est toujours pudique, reflétant les us et coutumes de ceux qui l'ont créée et habitée depuis le Moyen âge. Capitale et poumon économique du grand Sud, Agadir est aujourd'hui un pôle de développement important qui s'appuie sur la pêche, l'agriculture et le tourisme. Grâce à ce dernier, elle procure au Royaume le tiers de ses recettes en devises touristiques. Près de 20% des touristes qui viennent chez nous par avion, atterrissent à l'aéroport d'Agadir el Massira. Pour le premier quinquennat de la Vision 2010, le nombre des arrivées de touristes étrangers avoisine les 450 mille voyageurs avec un taux de progression annuel de l'ordre de 3% (depuis 2000). Nous ne sommes pas dans les marges à deux chiffres prévues par les planificateurs de la Vision 2010, mais il est évident que la récente volonté politique manifestée concrètement par les autorités locales de hâter la réalisation des capacités hôtelières prévues, est de nature à alimenter l'espoir de rattraper les retards enregistrés. Pour ce qui est des nuitées touristiques étrangères au Maroc, 30% d'entre elles se passent à Agadir avec une progression annuelle moyenne de 0.7% pour le premier quinquennat. Encore faible bien entendu. Mais cela n'empêche pas cette ville d'être le second pôle touristique du pays après Marrakech. A elles seules elles représentent 75% des nuitées étrangères réalisées par le Royaume. Cette structure impliquant les deux capitales du tourisme national s'explique essentiellement par la capacité hôtelière dont elles disposent à fin 2005 à savoir 45% de l'ensemble de nos moyens d'hébergement. Deux constatations : 1- Avec moins de la moitié des capacités hôtelières, ces deux capitales raflent les 2/3 des activités touristiques. 2- Toutes les autres villes dont essentiellement Casablanca, Tanger, Fès et Ouarzazate disposent seulement du 1/3 du gâteau alors qu'elles renferment plus de la moitié des capacités hôtelières. On peut dès lors affirmer que notre carte touristique présente un déséquilibre réel auquel les pouvoirs publics doivent prêter une grande attention car non seulement cela peut s'aggraver avec les investissements colossaux prévus et/ou en cours de réalisation à Marrakech et Agadir, l'autoroute qui reliera bientôt (2007 pour Marrakech et 2009 pour Agadir) le Nord du Royaume au Sud, mais également de la seule logique économique qui veut que les structures prospères ont plus de chance de se développer que celles qui le sont moins.