Lundi 8 mai, vers 21h30, sur l'avenue principale de Madinat Al Irfane (campus universitaire) à Rabat. Lancée à grande vitesse, une grosse voiture percute de plein fouet un taxi à l'arrêt. Le chauffeur décède sur le coup, et le client (un étudiant sahraoui), qui s'apprêtait à régler son trajet, est grièvement blessé. À cette heure, le campus est plein et les étudiants s'attroupent autour de la voiture. Le chauffard à l'air trop jeune pour avoir un permis de conduire. Certains disent même qu'il était ivre et qu'il se présentait comme le fils d'un général. Des témoignages recoupés affirment qu'une fois sur place, “les policiers ont essayé de camoufler l'affaire et de faire dégager le jeune chauffard”. La tension monte, les étudiants attroupés autour du lieu de l'accident sont scandalisés et s'opposent au transfert de la voiture. Ils répètent des slogans hostiles aux forces de l'ordre, les plus fougueux leur lancent même des cailloux. Les forces auxiliaires débarquent et chargent les étudiants. Ils les poursuivent jusque dans les pavillons des filles et détruisent tout sur leur passage. Ordinateurs, portes, meubles … rien ne leur échappe. Lors de l'assaut, des téléphones portables disparaissent, certaines filles évoquent même des tentatives de viol. En signe de protestation, des écoles et des facultés boycotteront les cours pendant deux jours. Finalement, le chauffard s'est avéré être le fils d'un avocat connu de la capitale, il est actuellement placé en garde à vue. À l'écriture de ces lignes, l'étudiant sahraoui est toujours dans le coma. À l'approche de la date anniversaire de la création du Polisario (20 mai), l'événement n'a pas échappé à la propagande indépendantiste qui annonce de prochaines manifestations de protestation. À l'heure où nous passons sous presse, la tension n'est toujours pas retombée.