Au dernier jour du quatrième sommet UE-Amérique latine à Vienne, les Vingt-Cinq et le Brésil ont critiqué vertement la politique énergétique menée par le président bolivien Evo Morales comme par le Vénézuelien Hugo Chavez. Evoquant "la décision d'un Etat souverain", le président Morales avait défendu dès son arrivée jeudi à Vienne sa récente décision de nationaliser prochainement le secteur gazier bolivien. Au grand dam des Européens et du Brésil, il a jeté un pavé dans la mare en annonçant que les entreprises étrangères concernées, dont le brésilien Petrobas, pourrait ne pas être dédommagées. Du coup, le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim menaçait vendredi d'un rappel de l'ambassadeur du Brésil en Bolivie. "Nous agissons avec fermeté mais sans précipitation", a-t-il déclaré. "Si les investissements changent de propriétaires, ils doivent être dédommagés". Du coup, Evo Morales a semblé faire marche arrière vendredi. Adoptant un ton plus conciliant dans une lettre adressée au ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, il a garanti une véritable "sécurité juridique" aux compagnies étrangères concernées. La société espagnol Repsol est avec Petrobas le plus gros investisseur étranger en Bolivie. Sont aussi concernées par l'initiative bolivienne le Britannique BG Group et le Français Total. M. Morales a donné à ces sociétés étrangères six mois pour négocier de nouveaux contrats ou quitter le pays. Même fermeté du côté britannique. Le Premier ministre Tony Blair a appelé Evo Morales et Hugo Chavez à se montrer "responsables" dans la gestion de leurs ressources. L'énergie est aujourd'hui "une question très importante pour les Etats. Chaque pays a besoin de ressources énergétiques sures", a-t-il souligné. De son côté, le président du Venezuela se retrouve sur la sellette pour avoir introduit une nouvelle taxe ciblant les compagnies pétrolières étrangères, qui versent déjà des droits importants pour pouvoir extraire le brut vénézuélien. "Il y a deux options dans la vie: soit vous voulez ouvrir vos marchés soit vous ne le voulez pas", mais "la réalité, c'est que des marchés ouverts ont de meilleures performances que ceux qui sont fermés", a prévenu le président en exercice de l'UE, le chancelier Wolfgang Schussel. L'hôte du sommet a appelé ses partenaires à mettre de côté leurs "profondes divergences" et à oeuvrer pour un partenariat politique et économique accru. "Il est certain que nous n'avons pas le même point de vue sur tous les sujets", a-t-il toutefois reconnu. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a exhorté les participants à travailler dans un "esprit de compromis". Reste que, au-delà de la question énergétique, les négociations en vue de la conclusion d'un accord d'association commercial entre l'UE et le Mercosur, lancées en 2000, sont toujours au point mort. L'UE accusait en 2005 un déficit commercial de 9 milliards d'euros avec les pays de la zone Amérique latine et Caraïbes (ALC), qui représentent 5,6% du commerce extérieur des Vingt-Cinq. Les 58 pays participant au sommet de Vienne ont par ailleurs réaffirmé leur engagement à renforcer leur coopération dans la lutte contre la production et le trafic de drogue, sans toutefois se fixer de projets concrets.