LAPPEENRANTA, Finlande (Reuters) - L'heure des sanctions contre l'Iran sur le dossier nucléaire n'a pas encore sonné pour l'Union européenne, a déclaré le ministre finlandais des Affaires étrangères, Erkki Tuomioja. "Pour l'Union européenne, la diplomatie est toujours la voie numéro un pour aller de l'avant", a dit lors d'une conférence de presse le président en exercice de l'UE, avant d'entamer une réunion avec ses homologues des 25 pays de l'Union. Tuomioja confirme ainsi que, contrairement aux Etats-Unis, la plupart des Européens continuent à privilégier pour l'instant la voie du dialogue dans le différend international sur le programme nucléaire iranien, malgré une réponse de Téhéran à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) jugée insatisfaisante par de nombreux pays. "Je déplore la réponse insatisfaisante de l'Iran aux propositions ambitieuses de négociation qui lui ont été faites", a indiqué jeudi le ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy dans un communiqué. "Je reste néanmoins convaincu que la voie du dialogue doit toujours être privilégiée." "Nous devrions donner à la diplomatie autant de chances que possible", a ajouté son homologue néerlandais Bernard Bot. Même son de cloche chez Ursula Plassnik, la ministre autrichienne des Affaires étrangères: "Le temps est toujours à la diplomatie. Nous avons besoin de patience, de beaucoup de patience et nous avons besoin de clarté. Le rapport remis jeudi par l'AIEA sur la mise en oeuvre par Téhéran de demandes de l'ONU confirme que l'Iran a continué à enrichir de l'uranium malgré un ultimatum onusien. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a d'ailleurs réaffirmé jeudi et vendredi que l'Iran ne renoncerait pas à "son droit à une technologie nucléaire pacifique". Les Etats-Unis ont déclaré que la communauté internationale était prête à discuter de sanctions dès la semaine prochaine. EXAMINER LES CONDITIONS DE L'IRAN John Bolton, l'ambassadeur des Etats-Unis aux Nations unies, a fait savoir qu'il se réunirait avec ses homologues français, britannique et allemand pour entamer des discussions sur un projet de résolution prévoyant des sanctions. Mais les six médiateurs internationaux, c'est-à-dire les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne, sont divisés sur les suites à donner aux conclusions du rapport de l'AIEA et sur l'urgence de sanctions. Le porte-parole de la diplomatie européenne Javier Solana et le principal négociateur iranien sur le dossier nucléaire, Ari Larijani, sont convenus d'une rencontre en tête à tête "bientôt" - selon un diplomate européen, elle aura lieu mardi à Berlin à la veille d'une réunion des "Six" dans la capitale allemande. Pour la Russie et la Chine, les sanctions ne sont pas non plus à l'ordre du jour dans le dossier nucléaire iranien. Tuomioja a souligné que l'offre iranienne de mener des "négociations sérieuses" devait être examinée, mais qu'il fallait "voir les conditions" envisagées par Téhéran. Une des rares voix discordantes parmi les Européens a été celle du ministre tchèque des Affaires étrangères, Cyril Svoboda, qui comme les Etats-Unis, réclame des sanctions. "Oui, le moment est venu. Selon moi, la question doit être mise à l'ordre du jour du Conseil de sécurité (de l'Onu)", a-t-il dit à son arrivée à la réunion, qui ne débattra que samedi de la question iranienne. Les Etats-Unis et l'Union européenne craignent que Téhéran ne cherchent à fabriquer des armes atomiques en se cachant derrière un programme nucléaire civil. L'Iran affirme que son programme nucléaire est exclusivement destiné à un usage civil. Le Conseil de sécurité et l'Agence internationale de l'énergie atomique avaient exigé de l'Iran qu'il cesse d'enrichir de l'uranium avant la fin du mois d'août avant l'ouverture de négociations sur une sortie de cette crise.