Retour à la case départ. Les relations maroco-algériennes renoue avec leur légendaire statut-quo. Point de normalisation en vue. L'euphorie des premiers jours suscitée par la visite de Saâdeddine El Otmani à Alger, janvier dernier, notamment chez la partie marocaine, vient de céder du terrain. C'est le propre ministre des Affaires étrangères qui s'est chargé de confesser cet aveu, bien entendu, une fois débarrassé de son optimisme et adopte un ton réaliste. Vendredi, devant la commission des Affaires étrangères, de la défense nationale, des affaires islamiques et des Marocains résidant à l'étranger à la Chambre des représentants, le PJDiste a glissé aux députés que les indicateurs actuels «ne permettent pas pour autant de prédire une normalisation imminente entre les deux pays». Un revirement de taille chez ce responsable qui a fait de la revitalisation des relations avec le voisin de l'Est son principal cheval de bataille. A la vielle du début des derniers pourparlers sur le Sahara, Saâdeddine El Otmani, lors d'une conférence de presse avec son homologue français, Alain Juppé, a déclaré aux journalistes que cette question ne constitue guère une entrave aux bonnes relations avec l'Algérie. Il se trompe. La résolution de ce conflit, vieux de 36 ans, est la condition sine qua non pour un retour à la «normale» entre Rabat et Alger. Le revirement est-illa conséquence de l'échec des récents pourparlers sur le Sahara à Manhasset, dans la banlieue de New York ? La partie marocaine, avant et au cours de ce 9e round, a insisté sur le contexte particulier dans lequel se tiennent ces réunions informelles, allusion justement à la visite de El Otmani à Alger. Il n'en fut rien. Les négociations se sont terminées comme les précédentes éditions. Rien à ne se mettre sous la dent, à l'exception d'une promesse de se voir en été. Mustapha El Khalfi appelé en renfort Deux jours après les révélations du chef de la diplomatie devant les députés, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha Khalfi, s'est déplacé dimanche à Alger, pour faire la promotion d'un forum des journalistes et patrons de journaux marocco-algérien qui pourrait se tenir en juin ou juillet. Une initiative à même «de contribuer à l'accélération de la cadence du processus du rapprochement entre les deux pays», rapporte la MAP. Les journalistes et les éditeurs de presse sauront-ils faire mieux que les politiques ? Une autre trouvaille du gouvernement Abdelilah Benkirane pour maquiller la réalité. La normalisation des relations passe, incontestablement, par une réouverture des frontières terrestres, fermées depuis 1994, et la résolution de l'affaire du Sahara. Bizarrement, ces deux épineuses questions furent oubliées lors sa fameuse visite en Algérie. Et c'est le titulaire du département des Affaires étrangères, Morad Medelci qui s'est chargé de communiquer cet oubli aux médias lors de la conférence de presse qu'il tenait avec Saâdeddine El Otmani.