Ma visite en Algérie traduit la volonté d'approfondir la coopération bilatérale». C'est en ces termes que le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, a résumé le but de son périple de trois jours à Alger, à l'invitation de son homologue algérien, Nacer Mehal. El Khalfi, accompagné d'un important staff composé de professionnels et d'officiels du secteur a ajouté dimanche, à son arrivée à l'aéroport Houari Boumediene, que son souhait est que « cette visite soit une nouvelle naissance des relations médiatiques entre les deux pays». La décision de cette visite, première du genre depuis l'ère Seddik Maâninou, qui occupait alors le poste de secrétaire général à l'Intérieur, chargé de l'Information, n'est pas fortuite. Lors du discours du Trône de 2011, le souverain allait afficher la volonté du Maroc d'aller de l'avant dans ses relations avec l'Algérie. Le gouvernement Benkirane, tout ouï, allait quelques mois plus tard concrétiser la volonté royale en effectuant des allers-retours entre Rabat et Alger. Ce ballet allait avoir au menu, des visites bilatérales et d'autres occasionnées par des évènements à dimension régionale. Après celle de Saad Dine El Otmani, fin janvier à Alger, l'évènement le plus majeur entre les deux Etats reste toutefois la réunion, mi-février, des ministres des Affaires étrangères de l'UMA à Rabat. Cette dernière a apporté certes des effets d'annonces, mais avec l'espoir d'un dégel des relations entre Rabat et Alger. Otages des politiques Nacer Mehal, ministre algérien de la communication et son Mustapha el Khalfi, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, lors de sa visite de trois jours, entamée depuis ce dimanche. Sauf que ce dégel, comme le prouve aujourd'hui le discours officiel, ne passera pas uniquement par les canaux officiels, tracés notamment par des pourparlers onusiens devenus stériles. « Cette visite a pour objectif de mettre en place un partenariat entre journalistes algériens et marocains, avec l'espoir de ne plus rester otages des politiques et de leurs points de vue sur des questions à caractère national», nous a confié depuis Alger, Noureddine Miftah, président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ). L'insinuation de Miftah, également directeur de l'hebdomadaire arabophone Al Ayam, rejoint la mesure primordiale sur laquelle s'étaient accordés Medelci et El Otmani, janvier à Alger : la nécessité d'arrêter ces stigmatisations médiatiques supportées par les agences de presse officielles des deux pays. Outre une certaine presse aux ordres, Maghreb Arabe Presse (MAP) et Algérie Presse Service (APS) sont effectivement, et jusqu'à aujourd'hui, des armes redoutables utilisées par les deux pays pour relayer l'information « très» officielle, notamment sur le conflit au Sahara, les affaires internes des deux pays, la situation des droits de l'Homme,… Dans l'affaire d'Aminatou Haidar ou encore du camp de Gdim Izik, les deux agences avaient fait preuve de prouesses propagandaires défiant tout élan patriotique et dignes des grands services de renseignement. D'ailleurs, dans les milieux professionnels, elles sont souvent assimilées à de purs outils de propagande, jouant le rôle de bras pendant des services dans les deux pays. Cartouches au chaud La décision, par les deux pays, de sceller hier un accord de coopération entre Algérie presse service et l'agence de presse marocaine (MAP) marquera (peut-être ?) le début d'une trêve entre deux agences qui, à leur corps défendant, ont servi une guerre froide de plus de deux décennies. Et ce ne sont pas les diplomates ou les directeurs qui ont décidé ainsi. Les journalistes, eux, pourront alors laisser leurs cartouches au chaud, le temps de voir où mènerait cette nouvelle dynamique vers le raffermissement entre Rabat et Alger. MAP : le destin d'une information sacrée… L'agence Maghreb Arabe Presse, plus connue dans le milieu des professionnels par MAP, a été installée en 1959 avec à sa tête feu Mehdi Bennouna, un des rares journalistes émérites de l'époque, syndicaliste et farouche résistant du temps du colonialisme français au Maroc. De 1974 à 1999, l'agence est géré par le haut par Abdel-Jalil Fenjiro avant que Mohamed Yassine Mansouri n'en prenne les commandes pour une courte durée. Ce dernier, sitôt appelé au poste de directeur central de la Direction générale des études et de la documentation (DGED, les services de renseignement extérieur), c'est Mohammed Khabachi, homme de la maison, qui est désigné pour diriger la MAP. Il serait affecté au poste de gouverneur au ministère de l'Intérieur, chargé de la communication. Après Ali Bouzerda, au même poste, c'est Khalil Hachimi Idrissi, ancien directeur du quotidien Aujourd'hui le Maroc, qui est aujourd'hui installé au dernier étage de la tour MAP.