Les marins de la Comarit bloqués à Sète veulent voir leur situation changer. Ils veulent retrouver leurs familles et leur salaire à la fin du mois. Leur souhait est de quitter les bateaux pour réclamer leur droit par des manifestations sur la place de la mairie, à Sète, mais les associations qui les soutiennent les en ont dissuadé car ils risquent de tout perdre. Bateaux bloqués en mer depuis le 7 janvier, aucun salaire depuis plus de 4 mois à présent, cotisations sociales non versées par l'employeur, endettés au Maroc, problèmes de santé, familles appauvries, les marins des trois bateaux de la Comarit restés à quai à Sète veulent prendre leur destin en main. Ils veulent quitter les bateaux pour manifester devant la mairie de Sète. Ce qui les retient encore : le conseil des associations qui les soutiennent. «Nous les avons rencontré dimanche matin, moi je leur ai dit de ne pas le faire», confie à Yabiladi Alain Cwick du syndicat Force Ouvrière (FO), le premier à dénoncer ouvertement les conditions de vie précaires des marins. Toutes les autres associations de soutien leur ont donné le même conseil. «Ils avaient vraiment envie de bouger, faire quelque chose pour débloquer leur situation. Ils veulent manifester sur la place de la mairie, devant le centre de rétention. C'est dangereux parce qu'ils n'ont pas les papiers : la police peut les ramasser; et si cela arrive, c'est la prison, explique-t-il. Je suis intervenu au cabinet du préfet pour dire aux marins de se calmer.» Pour les marins, c'est pourtant en France qu'ils auront le plus de chance de parvenir à se faire entendre. «D'ici, notre parole porte un peu plus»., soulignait l'un des marins dans le Midi Libre. Sur les trois bateaux - le Marrakech, le Bni Nsar et le Biladi - les conditions de vie sont sensiblement les mêmes. Nourriture, gaz, etc., tout arrive en compte-goutte. «Il y a eu des discussions entre la préfecture, les responsables du port et les marins», des vivres leurs seront livrées dans peu de temps», assure M. Cwick. Plus d'endroit pour se retrouver Malgré des conditions de vies hygiéniques et psychologiques précaires, les marins avaient jusqu'ici une petite consolation : le Seamen's Club. Ce centre ouvrait ses portes aux hommes de mer marocains tous les soirs à 19h. Là, ils pouvaient tous se retrouver pour papoter, boire un café, rigoler un peu, histoire d'oublier le cauchemar qu'est devenu leur quotidien. Mercredi 7 mars, Hélène Scheffer et Bernard Gouy, présidente et vice-président du Seamen's club ont décidé de fermer les portes de leur structure. En cause, la non implication des autorités publiques dans la prise en charge de ces marins conformément à la loi, selon Midi Libre. «La France a ratifié, en 2004, la convention internationale sur le bien-être des gens de mer. Cette convention impose aux signataires de pourvoir aux besoins matériels, moraux et médicaux des marins. Or cette mission de service public, c'est nous qui l'assurons. Mais sans la moindre considération ni la moindre écoute de la part des autorités. Aujourd'hui, nous disons stop. A chacun désormais de prendre ses responsabilités», ont déclaré les responsables du Seamen's club. La Comarit ne voit toujours pas le bout du tunnel et le silence est roi dans les couloirs de l'entreprise. Pendant toute la journée de mardi 13 mars, la direction de la société était absente de ses bureaux, au siège, situé à Tanger. Impossible d'avoir des éléments de réponse sur l'état d'avancement des négociations avec leurs créanciers. L'avocat de la société avait récemment annoncé une levée de saisie sur les bateaux bloqués aux ports de Sète, mais celle-ci ne concernait que la demande de saisie faite par la compagnie maritime CMA CGM, car la Comarit a encore plusieurs dettes liées aux saisies conservatoires. Le ministère de l'Equipement et des transports a récemment lancé un appel d'offre, pour l'exploitation temporaire de la liaison Sète-Tanger. La compagnie maritime italienne Grandi Navi Veloci (GNV) y aurait répondu. Son directeur général, Ariodante Valeri, vient au Maroc cette semaine pour un entretien avec la marine marchande, indique à Yabiladi une source proche du dossier à la GNV. Ce sera le deuxième entretien après la demande émise par GNV à pouvoir reprendre la ligne Sète-Tanger. Cependant, la marine marchande marocaine n'a pas encore donné de réponse définitive.