Un nouveau round des réunions informelles sur le Sahara a débuté à Manhasset dans la banlieue de New York. C'est le 9ème au compteur depuis la nomination de Christopher Ross, janvier 2009, en tant que médiateur du secrétaire général dans ce conflit. Des pourparlers qui se tiennent dans un contexte particulier aussi bien national que sur les scènes régionale et internationale. «C'est la première fois qu'un ministre partisan se saisit de ce dossier. Une rupture avec une certaine ligne de conduite qui a longtemps prévalu au Maroc, mettant le dossier du Sahara, exclusivement, entre les mains de ministres de souveraineté», note l'universitaire Mustapha Merizak dans des déclarations à yabiladi.com. Cette nouveauté, strictement locale s'accompagne, en effet, d'une «conjoncture internationale, nettement favorable au Maroc. La chute du régime de Kadhafi en Libye, indéniablement, est un coup dur pour la direction du Polisario. De plus en plus isolée sur la scène régionale, il ne lui reste, d'ailleurs, que le soutien du pouvoir algérien. Lequel traverse une phase délicate de son histoire, le printemps arabe y est pour quelque chose. Les élections législatives du 10 mai prochain seront un véritable test pour les tenants de ce même pouvoir. C'est sa pérennité qui est en jeu», explique notre interlocuteur. Et d'ajouter qu' «Alger doit comprendre que son avenir est dans l'établissement de bonnes relations avec le Maroc au sein de l'Union du Maghreb et non en soutenant des projets sécessionnistes.» Un vœu pieux, sachant que lors de la dernière visite de Saâeddine El Othmani à Alger, la question du Sahara au même titre que celle de la réouverture des frontières, selon les dires de Morad Medelci, le chef de la diplomatie algérienne, n'ont pas été abordées par les deux ministres. Sur un ton différent, un membre du CORCAS assure, sous couvert d'anonymat, qu' «il ne faut pas s'attendre à de réelles avancées lors de ce 9e round. Son ordre du jour est quasiment identique aux précédentes éditions à savoir : discuter le problème des richesses naturelles et les mesures à même d'instaurer un climat de confiance entre les parties». Rabat gagne du galon Si les contexte national et régional donnent des raisons d'espoir à une résolution, à moyen terme, de ce conflit, vieux de presque quatre décennies, la conjoncture internationale va dans le même sens. Le soutien de la France politique, de droite comme de gauche, au projet marocain d'autonomie du Sahara n'a subi aucune ride. Les éloges de Martine Aubry, le première secrétaire du PS la semaine dernière à Rabat, à cette initiative ont le mérite de rassurer la classe politique qui craignait un retour des socialistes aux commandes en France. Outre le traditionnel soutien français au Maroc, Washington, par la voix de Hilary Clinton, est quasiment sur la même longueur d'onde que Paris sur la question du Sahara. Lors d'une conférence de presse tenue le 27 février à Rabat, la Secrétaire d'Etat soulignait que «la politique américaine concernant cette question est demeurée inchangée depuis des années et nous avons affirmé à de nombreuses occasions que la proposition marocaine est sérieuse et réaliste et qu'elle répond aux aspirations du peuple sahraoui à vivre en paix.» Le président Obama partage-t-il la même position que Mme Clinton sur ce dossier ? Là, c'est une autre paire de manche. En attendant que le locataire de la Maison blanche modère sa position, le Maroc gagne du galon sur la scène internationale. Fort de son engagement dans la résolution de la crise libyenne et actuellement dans le bourbier syrien, Rabat est un interlocuteur de plus en plus écouté par les grands de ce monde, en atteste le dernier message du président russe Medevdev, transmis par le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, au roi Mohammed VI sur la Syrie. «La Russie et le Maroc coordonnent leurs efforts sur la scène internationale afin de rétablir la stabilité et la sécurité dans la région. Depuis le début du printemps arabe, nous soutenons le désir des peuples du Proche-Orient et d'Afrique du Nord de procéder à une modernisation économique et sociale de leurs pays et ce, sans aucune pression extérieure, dans le strict respect de leur souveraineté nationale», souligne le président sortant au monarque.