C'est dans la Grotte des Rhinocéros, près de Casablanca, que des chercheurs ont découverts les plus anciens vestiges fossiles d'animaux consommés en grotte par des hommes sur le continent africain. Il s'agit de 37 ossements «témoignant d'activités de boucherie», d'un ancêtre de l'Homo Sapiens. La Grotte des Rhinocéros, située dans la carrière Oulad Hamida 1, anciennement Thomas III, vient de confirmer sa place comme l'une des mines d'or pour les recherches archéologiques. Et pour cause, une équipe franco-marocaine a publié cette semaine une étude pour évoquer les plus anciens vestiges fossiles d'animaux consommés en grotte par des hommes sur le continent africain. Intitulée «Earliest African evidence of carcass processing and consumption in cave» et publiée dans la revue Nature, l'étude élaborée par des chercheurs venus de plusieurs laboratoires du Maroc, de France, de Chine et d'Allemagne, se base sur des ossements d'antilopes et de zèbre portant des marques de boucherie, associés à de nombreux autres restes de mammifères, à un reste humain et à des outils en pierre. Selon Techno-science, ces 37 ossements ont été découverts dans un site acheuléen (de la période du Paléolithique inférieur) daté de 700 000 ans et situé dans la Grotte, près de Casablanca. Ils «témoignant d'activités de boucherie», avec des stries, des impacts de percussion et des traces de dents humaines présents sur plusieurs os longs d'herbivores. Cela met ainsi en évidence le dépouillement, la désarticulation, le décharnement, la consommation de la viande et la récupération de la moelle, explique-t-on. Marques de coupe sur les restes d'herbivores. / Ph. Nature La particularité de la Grotte des Rhinocéros L'étude note qu'à ce jour, en Afrique, les preuves de la transformation et de la consommation d'animaux dans des grottes couramment utilisées comme espaces de vie ne sont documentées qu'à la fin du Pléistocène moyen du Nord et du Sud du continent et sont postérieures au Pléistocène moyen en Afrique de l'Est. De plus, très peu de sites ont fourni des outils en pierre spatialement et fonctionnellement associés à l'exploitation de la faune dans un contexte multi-stratifié bien daté en Afrique, ajoutent les chercheurs. En outre, tous les sites acheuléens du début et du début du Pléistocène moyen sur le continent sont des sites à ciel ouvert, à l'exception de quelques-uns et la grotte située près de Casablanca. Nomad #74 : Un air de savane dans la grotte des Rhinocéros à Casablanca Mais, bien que des preuves d'un traitement in situ des carcasses d'herbivores, associé à peu de production lithique sur place et à une utilisation du feu, soit une occupation prolongée et des activités de chasse, ont été découvertes dans le site de la grotte du Jebel Irhoud du Pléistocène moyen, celles de la Grotte des Rhinocéros restent particulières. Il s'agit, en effet, des «premières preuves qui démontrent l'utilisation récurrente par les Hominins (primates, ancêtre de l'Homo sapiens, ndlr), du début du Pléistocène moyen, d'un site de grottes nord-africain, 400 000 ans avant celui d'Homo sapiens à Jebel Irhoud (Maroc)», conclut l'étude. La Grotte des Rhinocéros a été découverte en 1991, dans le cadre du programme coopératif franco-marocain à la carrière Oulad Hamida 1, une extension de l'ancienne carrière Thomas III, située à 1 km de l'actuelle côte atlantique.