Lundi soir, Alger a reporté pour la deuxième fois la rencontre prévue entre Sabri Boukadoum et Arancha González Laya. La délimitation des eaux territoriales entre Alger et Madrid ainsi que la position de l'Espagne sur le Sahara, récemment exprimée, serait à l'origine d'une colère dont les foudres ont touché, la semaine dernière, la Côte d'Ivoire. Au lendemain de sa crise diplomatique avec la Côte d'Ivoire, suite à la déclaration de son ministère des Affaires étrangères sur l'ouverture d'un consulat à Laâyoune, les relations entre Alger et Madrid passent aussi un mauvais cap. Lundi soir, les autorités algériennes ont annoncé à leurs homologues espagnoles le report d'un déplacement, prévu mercredi, de la cheffe de la diplomatie espagnole Arancha González Laya. Alger a invoqué «l'agenda» du chef de la diplomatie algérienne, Sabri Boukadou. En réalité, il s'agit du deuxième report de cette visite, ce qui témoignerait du mécontentement de l'Algérie à l'égard de la diplomatie de l'Espagne et des positions exprimées par Madrid récemment. Selon El Confidencial, Sabri Boukadoum «n'a prévu aucune activité officielle mercredi». «Mardi, il rencontrera l'émir du Qatar, le cheikh Tamin ben Hamad Al Thani, qui ne passera que quelques heures dans la capitale algérienne». La délimitation des eaux territoriales et le Sahara occidental Selon Al Quds Al Arabi, Alger exprime ainsi son «mécontentement», à la lumière du différend au sujet des frontières maritimes en Méditerranée. La semaine dernière, Arancha González Laya a révélé devant la Chambre des représentants comment l'Algérie, par le biais d'un décret présidentiel d'avril 2018, a institué une zone économique exclusive en Méditerranée, ce qui pourrait affecter la souveraineté espagnole sur les eaux de l'archipel Baléares, qui seraient riches en hydrocarbures. «Nous ne sommes pas d'accord et nous l'avons porté à la connaissance (de l'Algérie)», a martelé la cheffe de la diplomatie. Et de préciser que «contrairement au Maroc, qui n'a manifesté que son intérêt pour la délimitation de ses eaux, l'Algérie a déjà présenté sa vision et sa façon de les délimiter». Cette comparaison déplait aux responsables algériens, irrités par le fait qu'Arancha González Laya se rende au Maroc avant l'Algérie. Le 24 janvier, elle s'est en effet déplacée à Rabat pour examiner la question des frontières maritimes, tandis que sa visite à Alger devait avoir lieu fin janvier, avant le report. Les dirigeants algériens en veulent aussi à l'Espagne pour le soutien de Madrid aux positions de Rabat, à propos de la question du Sahara occidental. Lors d'un entretien téléphonique, Arancha González Laya a rassuré son homologue Nasser Bourita, après une rencontre entre le secrétaire d'Etat chargé des Droits sociaux, Nacho Álvarez (Podemos) et une délégation conduite par la «ministre des Affaires sociales et de la promotion de la femme», du Front Polisario Souilma Birouk, qui a irrité Rabat. Dimanche soir, Arancha González Laya a rassuré encore une fois le Maroc. Sur son compte Twitter, elle a rappelé que la position de son pays vis-à-vis du Sahara «n'a pas changé». «L'Espagne ne reconnaît pas le RASD. Nous soutenons les efforts du Secrétaire général des Nations unies pour parvenir à une solution pacifique dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité», a-t-elle écrit. Llamada de mi homólogo marroquí sobre entrevista del Secretario de Estado de Asts Sociales con representante de Frente Polisario. He aclarado que - artículos publica2 no reflejan la posición del gobierno - posición de ?? sobre #SaharaOccidental no ha cambiado, es políca de Estado — Arancha González (@AranchaGlezLaya) February 23, 2020 Un «acharnement» algérien face aux soutiens du Maroc Madrid n'est toutefois pas la seule cible de l'Algérie. Depuis quelques semaines, plusieurs Etat ont été critiqués par la diplomatie du voisin de l'Est pour leurs décisions d'ouvrir des consulats à Laâyoune ou à Dakhla. Ainsi, elle a été le seul pays au monde à réagir à ces mesures, qu'elle a qualifiées de «violations de la charte de l'Union africaine» et de «manœuvres et politique de fuite en avant». Jeudi, Alger a décidé de «rappeler pour consultations» son ambassadeur en Côte d'Ivoire. La raison n'est autre que les déclarations, considérées comme «sibyllines et insidieuses» du ministre ivoirien de l'Intégration africaine et des Ivoiriens de l'extérieur. Le département de Sabri Boukadoum a estimé que la décision de la Côte d'Ivoire «intervient au mépris des principes et des objectifs consacrés par l'acte constitutif de l'Union africaine, notamment l'impératif d'unité et de solidarité entre les peuples d'Afrique et la défense de l'intégrité territoriale et l'indépendance des pays membres de l'Union». Lors de l'ouverture du consulat de son pays à Laâyoune, Ally Coulibaly avait affirmé que la Côte d'Ivoire «n'accepte pas qu'on lui dicte sa conduite dans les relations internationales». Et de rappeler que son pays «n'a jamais fait mystère» de son soutien à la marocanité du Sahara. Ceci soulève, d'ailleurs, des questions quant à la nouvelle démarche de l'Algérie d'aller jusqu'au bout dans son soutien à la thèse du Polisario.