Pour faire face à la forte mobilisation des partisans du Polisario en Nouvelle-Zélande, l'OCP s'adresse à l'opinion locale. Armé d'arguments juridiques, politiques, économiques et écologiques, le groupe se défend de piller les ressources du Sahara occidental. L'Office chérifien des phosphates répond à la campagne menée par l'«Association des amis du peuple sahraoui» et d'autres organisations en Nouvelle-Zélande contre ses exportations des phosphates du Sahara vers ce pays. Le groupe a publié, ce mardi 5 novembre dans un média local, une tribune du directeur de Phosboucraa Maoulainine Maoulainine, intitulée «Un nutriment essentiel – Un partenariat essentiel» destiné à démonter les thèses des partisans du Polisario. L'OCP reconnaît dans le texte que la province est bel et bien inscrite sur la liste des Nations unies des territoires non-autonomes au même titre que «Tokelau, sous administration de la Nouvelle Zélande». «Le statut politique de la région fait actuellement l'objet d'un processus de négociation mené par le secrétaire général des Nations unies», indique l'OCP. Néanmoins, l'entreprise se défend de piller les ressources du Sahara occidental, expliquant que sa présence dans la région est parfaitement conforme avec «la doctrine de l'ONU encourageant les investissements dans les territoires non autonomes afin de promouvoir le développement économique et d'offrir des possibilités à la population locale». Une position soutenue par l'un de ses clients, Ballance Agri-Nutrients. «L'achat de phosphates extrait du Sahara occidental par la société Phosboucraa est pleinement conforme aux lois et réglementations internationales, y compris avec les dispositions des Nations unies relatives aux commerces avec les territoires non-autonomes», avait expliqué la société en juillet dernier. Faire face à la mobilisation des pro-Polisario Le management a également puisé dans l'intégration des produits du Sahara dans la révision de l'accord agricole et la conclusion de l'accord de pêche en 2019 avec l'Union européenne, d'autres arguments pour plaider la légalité de ses exportations des phosphates de la zone. «L'OCP ne perçoit aucun dividende de Phosboucraa. Tous les profits sont réinvestis dans la région pour maintenir et développer ses activités et soutenir la communauté locale», précisant que sa filiale emploie environ «2 200 personnes» dont «75%» sont des Sahraouis. «Toutes les opérations et activités d'OCP, y compris Phosboucraa, respectent et vont au-delà des normes nationales et internationales en matière de santé et de sécurité, de qualité de l'environnement et de durabilité». Et d'enchainer en soulignant que «la Nouvelle-Zélande, par le biais de sociétés telles que Ravensdown et Ballance Agri-Nutrients, devrait être fière d'être associée au développement économique de la région, stimulé par les accords commerciaux ayant un impact positif direct sur la population locale». Tout en reconnaissant que ses exportations du Sahara ne représentent que «2%», l'OCP n'a pas occulté la bonne qualité organique du produit extrait de la province. «Ce phosphate est choisi en raison de son adéquation aux conditions de sol et aux contraintes environnementales spécifiques de la Nouvelle-Zélande. Tout aussi important, le phosphate naturel du ''Sahara occidental'' a des propriétés physiques qui rendent les granulés d'engrais plus stables, évitant ainsi leur décomposition en poudre. Cela facilite le transport et l'application avec précision, réduisant ainsi les déchets». Un message adressé essentiellement aux clients actuels et potentiels. La tribune de l'OCP est une réaction à la forte campagne menée, depuis l'été, par les organisations pro-Polisario très actives en Nouvelle Zélande contre les importations des phosphates par des sociétés néo-zélandaises. Mi-octobre, l'Association des amis du peuple sahraoui et le Groupe de paix à Wellington ont organisé des journées de promotion des positions du Front, avec la participation de son représentant en Australie et Nouvelle-Zélande. Pour sa part, le congrès du Conseil des syndicats de Nouvelle Zélande, qui représente 27 organisations, tenu également le mois dernier, a recommandé aux entreprises locales de «cesser d'importer du phosphate des zones occupées du Sahara occidental».