Fès s'est formée, à travers son histoire, comme un important carrefour de populations venues de toute la région. Capitale politique, elle est aujourd'hui la capitale spirituelle du Royaume. ès de capitale politique, est devenue la capitale spirituelle du royaume. Une évolution longue de plusieurs siècles depuis la fondation de cette cité mythique entre la fin du VIIIe siècle et le début du IXe sous les règnes d'Idriss I et d'Idriss II. Fès tirerait son nom de l'arabe «Fa's» (pioche), ou encore du berbère «Sif» (oued). L'origine du nom de la ville, ainsi que la date exacte de sa fondation opposent toujours les historiens. Pour sa part, le rayonnement de Fès ne peut être évoqué sans faire allusion à sa situation géographique. «Fès était un véritable carrefour», insiste l'historien Abdelilah Benmlih, doyen de la faculté des Lettres et des Sciences humaines Dhar El Mahrez de Fès. Cette situation géographique a favorisé la rencontre de peuples issus l'horizons divers. Elle constitue le second facteur du rayonnement de la ville : la diversité de sa population. En plus des Amazighs - considérés comme autochtones - sont venus s'installer «des populations en provenance de tout le Maroc, mais aussi du Maghreb [notamment de la Tunisie, ndlr] et d'Afrique noire. Sans parler, bien sûr, de l'arrivée de musulmans d'Andalousie », explique Abdelilah Benmlih. Ces Andalous ont trouvé refuge à Fès à partir de 817-818. Les juifs ont égale- ment marqué de leur présence cette cité où la religion a toujours joué un rôle de premier plan. L'islam était pratiqué à Fès bien avant la venue de Moulay Driss I, mais c'est sous les Idrissides que la nouvelle cité commence à se transformer en un véritable centre de formation théologique. La construction de la «madersa Al Quaraouiyine», vers 859, a joué un rôle de premier plan. Cette école coranique est devenue, au fil des ans, une référence pour figurer parmi les premières universités au monde. Elle est l'œuvre d'une femme, Oum Al Banine Fatima Al Fihriya, originaire de la famille Fihri de Kairouan, dans l'actuelle Tunisie. Les Fassi Fihri et les Andalous, qui ont construit la mosquée Andalous, sont deux des plus grandes familles ayant marqué l'évolution de la ville. Fès a traversé, selon l'historien Abdelilah Benmlih, 7 grandes « étapes » : la première est l'époque de sa fondation, sui vie de sa transformation en «capitale politique et historique» durant les IXe et Xe siècles. La troisième coïncide avec le règne des Almoravides et des Almo- hades, qui a précédé «l'apogée de Fès», sous la dynastie des Mérinides. «C'est l'époque du développement de l'architecture et des médersa», détaille Abde- lilah Benmlih. La période des Saadiens, qui ont pris la ville durant le XVIe siècle, vers 1554, marque un déclin de l'aura de la ville. Fès perd son statut de capitale politique au profit de Marrakech. Il faudra attendre l'arrivée de la dynastie des Alaouites, à la fin du XVIIe siècle, pour que Fès commence à regagner de l'importance : c'est la sixième étape. De nouvelles infrastructures sont mises en place dans la ville, alors que Meknès devient le nouveau centre du pouvoir. L'époque moderne constitue la «septième étape» de Fès : la ville récolte les fruits de son riche héritage culturel.