Alors que la France célèbre ce jeudi 15 août le 75e anniversaire du débarquement de Provence, l'historien Pascal Blanchard estime que «l'hommage n'a jamais été rendu à ces combattants», indique Franceinfo. Qu'il s'agisse des tirailleurs sénégalais et algériens, des goumiers marocains ou encore des pieds-noirs, quasiment 90% des 235 000 soldats qui ont participé à cette opération, qui débuté le 15 août 1944, venaient du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne. Pour l'historien, c'est donc bien une «armée d'Afrique» qui a débarqué sur les plages de Provence et qui a participé à la libération du sud de la France aux côtés des Alliés. «Je me rappelle de ces images, qu'on a tous en tête, à la libération de Marseille ou de Toulon, par les goumiers marocains. On oublie tous qu'ils avaient déjà libéré le premier département métropolitain, la Corse», ajoute Pascal Blanchard. L'historien, spécialiste notamment de l'empire colonial français, estime que cette absence d'hommage est «une injustice». «Voire même pire : on les a exclus de la victoire, puisque très peu pourront libérer Paris, qui est une image symbolique», explique-t-il. Et d'ajouter : «L'armée qui a libéré la capitale française ne ressemblait en rien à celle présente sur les plages de Provence, parce qu'il fallait montrer que la France se libérait par elle-même, et à l'époque, le ''par elle-même'', c'était les soldats blancs.» Pour sa part, l'historien Eric Deroo, spécialiste de l'histoire coloniale, estime qu'il n'y a pas eu d'injustice et que ces hommes n'ont pas été oubliés par la République. Il souligne qu'il faut certes rappeler leur rôle, mais ne pas tomber dans une forme de concurrence mémorielle, écrit Franceinfo. «Jacques Chirac l'avait célébré, en grandes pompes, en 2004, sur le porte-avion Charles de Gaulle, en invitant tous les chefs d'Etat africains et du Maghreb dont les troupes avaient participé au débarquement. Nicolas Sarkozy l'a refait. François Hollande en a parlé», détaille Eric Deroo, pour qui «l'essentiel a été fait».