Samedi, le Conseil exécutif de l'Union africaine a donné son feu vert à une mission de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples pour visiter le Sahara. Bien que des sources médiatiques affirment que l'approbation a été faite «conformément aux observations formulées» par le royaume, cette annonce contraste avec la farouche opposition de Rabat de toute implication de l'UA dans le processus onusien. La question du Sahara occidental est au centre du 12ème Sommet extraordinaire des Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) qui s'est ouvert dimanche à Niamey, au Niger, et ses réunions préparatoires. Ainsi, le Conseil exécutif de l'UA, constitué de ministres des Affaires étrangères des pays membres, a donné samedi son feu vert pour qu'une mission de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (ACHPR) se rende au Sahara. Une réunion durant laquelle le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Hassan Shoukry, dont le pays assume la présidence de l'Union africaine, a annoncé la version finale ainsi que le programme de travail de cette mission. Les membres de celle-ci viendront enquêter sur le développement économique et social dans la province tout comme la situation des droits de l'homme au Sahara. Une annonce qui réjouit déjà le Front Polisario. Dimanche, le président du «Comité sahraoui des droits de l'homme», Abba Al-Haysen, a salué la décision du Conseil exécutif de l'UA, se félicitant de la «détermination de l'Union africaine à donner suite à ses précédentes résolutions pertinentes» sur le Sahara. Pour lui, cela «envoie un message clair au Maroc». Rappelant que son «comité» a déjà appelé à la Commission africaine à mettre en place une mission pareille, Abba al-Haysen n'a pas raté l'occasion pour tirer sur le Maroc. De son côté, si le Maroc reste silencieux quant à cette mission, tout comme la réunion à laquelle le royaume était représenté par son ministre délégué chargé de la Coopération africaine, Mohcine Jazouli, plusieurs médias marocains ont pris le relai, affirmant que cette mission de l'UA a été approuvée «conformément aux observations formulées par le représentant du Maroc lors de la réunion». Ils citent aussi le chef de la diplomatie égyptienne ayant «insisté sur le respect des remarques faites par le Maroc, son intégrité territoriale et la coordination avec les autorités marocaines pour la visite». Deux réunions de la Troïka de l'UA sur le Sahara ? Sur un autre dossier en rapport avec la question du Sahara occidental, la Troïka de l'Union africaine s'est réunie vendredi sous la présidence du ministre des Affaires étrangères égyptien, rapporte le média Fe Hob Masr. Une réunion destinée à «débattre des derniers développements sur la question du Sahara». «La réunion a discuté des derniers développements de la question, des moyens pour soutenir le processus des Nations unies, de l'importance d'encourager toutes les parties à intensifier leur participation au processus politique conduit par les Nations unies, de la mise en œuvre intégrale des résolutions du Conseil de sécurité, et de commencer des négociations politiques et inconditionnelle pour parvenir à une solution juste et mutuellement acceptable de ce conflit», rapporte le média citant Ahmed Hafeth, porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères. De plus, la Troïka devait tenir ce lundi une autre réunion sur la question du Sahara, selon le programme au 5 juillet du 12ème Sommet extraordinaire de l'UA. Reste à savoir si les chefs de la diplomatie du Rwanda, de l'Egypte et de l'Afrique du Sud ont mené aussi cette réunion ou si les chefs d'Etat ont pris le relai, sachant que ce mécanisme, tel qu'il a été instauré lors du Sommet de l'UA à Nouakchott en juillet 2018, devait être présidé par le président sortant, le président en exercice et le futur président de l'organisation continentale. Ces deux informations contrastent ainsi avec la mobilisation du Maroc contre toute implication de l'Union africaine dans le processus onusien du règlement de la question du Sahara. Une position exprimée depuis 2017 lorsque le royaume s'opposait farouchement à une mission identique de l'ACHPR. Une position que le Polisario a continué de critiquer, même en mai dernier. Face à ce revirement de taille dans la position marocaine, Yabiladi a tenté de joindre ce lundi le ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale pour une explication, en vain.