Les discriminations à l'embauche subies par les Français d'origine étrangère sont plus sévères encore pour les cadres. Alors que certaines entreprises manifestent refuse, consciemment ou non de recruter des candidats maghrébins, d'autres affichent leur volonté de lutter contre ces ségrégations. Un cadre d'origine maghrébine n'a que 36 chances d'être convoqué à un entretien d'embauche quand le «Français de souche» en a 100. C'est ce qui ressortait d'une étude intitulée le «baromètre de la discrimination» et réalisée en 2006 par la société d'intérim Adia. Cinq ans après, le constat est le même, analyse le Nouvel Economiste dans ses colonnes. Les entreprises sont toujours réticentes, pour la plupart, à l'embauche de dirigeants issus de la diversité. Les résultats des enquêtes effectués à ce sujet sont meilleurs pour les employés et professions intermédiaires. En d'autres termes, un Arabe sera plus facilement embauché pour un poste de nounou ou de concierge mais pas que pour un poste de manager, à niveau d'étude adapté au poste. «Nous devons faire face parfois à des clichés, des idées très arrêtées en termes de profil», explique Philippe Vidal, dirigeant de Theodore Search, au Nouvel Economiste. «Il est souvent très dur de se battre, de faire évoluer les mentalités des entreprises», reconnaît-il. Néanmoins, les clients de ce cabinet de conseil en recrutement sont «de moins en moins regardants» quant à l'origine des candidats, «car il s'agit pour la plupart de grands groupes internationaux habitués à la diversité». Egalité pour tous et haro sur la discrimination Selon Matthieu Beaurain, président de Lincoln Associates, cabinet de chasseur de têtes, au Nouvel Economiste, «la question de la diversité est devenue un sujet incontournable qui interpelle pouvoirs publics et acteurs des ressources humaines. Si bien que les entreprises n'osent plus exposer au grand jour leurs clichés discriminatoires.» En France, l'article L1132-1 du code du travail rend la discrimination à l'embauche illégale. Il est ainsi interdit à une entreprise de traiter un candidat de manière non objective à l'égard du poste à pourvoir. Pour mettre fin à de telles pratiques, des chefs d'entreprise Français se sont emparés du problème et affichent leur volonté de lutter contre la discrimination à l'embauche. Depuis le 22 octobre 2004, plus de 1500 entreprises ont signé la charte la «Charte de la diversité» qui contribue à la lutte contre toutes les formes de discriminations notamment fondées sur le patronyme ou l'origine réelle ou supposée des personnes.