Dans un rapport de 218 pages sur «la politique française d'aide au développement», la Cour des Comptes pointe du doigt la mauvaise gestion du dispositif. «L'aide au développement», qui bénéficie d'un budget de 7,4 milliards d'euros en 2011, présente des lacunes graves dans le fonctionnement et la gestion. Les magistrats critiquent notamment le pilotage «éparpillé» des projets de développement au Maroc. «Un modèle éparpillé». Le rapport de la Cour des Compte française décrit sans euphémismes les dérives de «l'aide française au développement». Ce dispositif, qui dispose d'un crédit de 7,4 milliards d'euros de budget en 2011, souffre d'une mauvaise gestion en raison de l'éclatement des instances qui le pilotent. «Contrastant avec la plupart des modèles étrangers, le modèle français d'organisation d'aide publique au développement apparaît comme privé d'un centre de gravité, en l'absence d'une administration autonome et exclusivement dédiée», explique le rapport que s'est procuré Challenges.fr. Priorités mal hiérarchisées Les magistrats dénoncent vigoureusement l'inefficacité du système. L'Agence française de développement est sous la tutelle de trois ministères différents. Selon la Cour des Compte, «la tutelle manque de cohérence, oscillant depuis plusieurs années entre distance excessive et ingérence». La hiérarchisation de priorités de financements témoigne également de la mauvaise gestion. Seuls cinq des 14 pays désignés comme «moins avancés», figurent dans les vingt premiers bénéficiaires. L'aide publique au développement (APD) octroyée au Maroc, qui était de 715,6 millions d'euros en 2009, comprend également le financement des lycées français. Ces frais sont décrits comme «très importants». Le Maroc est particulièrement concerné par les questions soulevées par la Cours des comptes française, puisqu'il est le premier bénéficiaire de l'Agence Française de Développement (AFD) avec 1,7 milliards d'euros d'engagements net, aujourd'hui, selon le ministère des Affaires étrangères et européennes français. Réciproquement, la France approte près de 40% du total de l'aide internationale au développement reçu par le Maroc de la part des pays de l'OCDE. Maroc : l'AFD et le SCAC croisent le fer Sur le terrain, la distribution de l'Ade au développement n'est pas mieux organisée. Les magistrats critiquent le dispositif local, qui met en action les projets de l'aide publique au développement et le décrivent comme «complexes, éclatés, et finalement peu lisibles». Le rapport de la Cour des Comptes prend notamment l'exemple du Maroc où l'aide relève à la fois du Service de coopération et d'action culturelle (SCAC) de l'ambassade, de l'Agence française de développement (AFD), ainsi que du service économique régional mais également des «effectifs affectés à la coopération culturelle, financière (ministère des finances), policière (SCTIP), judiciaire (magistrat de liaison), sociale (conseiller social) et militaire (attaché de défense)». La coopération, sur le terrain, en pâtit, notamment entre l'AFD et le SCAC.