Une récente étude universitaire soutient que les Amazighs issus d'Afrique du Nord constituent les principales populations à avoir investi les Îles Canaries, il y a 1 000 ans, constituant ainsi une composante essentielle des habitants locaux de cet archipel atlantique. Des chercheurs de l'université de Stanford (Etats-Unis) et de Laguna (Espagne) ont publié, mercredi, sur le magazine spécialisé Plos One, une étude sur les origines des populations locales des îles Canaries. Territoire espagnol, l'archipel atlantique à une centaine de kilomètres des côtes marocaines a d'abord été investi par les Amazighs, en provenance d'Afrique du Nord, selon les auteurs de la recherche. Cette contribution permet de reconstituer un aspect peu évoqué dans l'histoire de cette contrée, suggérant que ces tribus auraient soit entrepris la traversée elles-mêmes, soit elles auraient été amenées par d'anciens marins de la Méditerranée. Les premiers échantillons étudiés à cet effet sont constitués de 48 génomes mitochondriaux, directement hérités de la mère et crucialement utiles pour remonter les migrations humaines des populations. Ils ont été prélevés en 2016 de 25 sites archéologiques répartis à travers les sept îles de l'archipel, puis analysés entre 2017 et 2018. Une étude qui confirme plusieurs hypothèses Cités par le New York Times, les résultats confirment que les premiers habitants canariens étaient originaires d'Afrique du Nord et qu'ils avaient rallié les îles il y a près d'un siècle avant Jésus-Christ. Une thèse qui corrobore de précédentes contributions scientifiques à ce sujet. En effet, des archéologues, anthropologues et généticiens ont précédemment révélé que les premiers habitants des Canaries étaient des Amazighs originaires d'Afrique du Nord, principalement du Maroc, d'Algérie, de Tunisie, de Libye et de certaines contrées sahariennes. «Il s'agit de la première étude basée sur l'ADN des vestiges archéologiques des sept îles de l'archipel», explique Rosa Fregel, généticienne à l'Université de Laguna, en Espagne. La chercheuse réfute également l'hypothèse selon laquelle les premiers habitants locaux seraient des explorateurs. Rosa Fregel commente ainsi l'étude auprès d'Al Jazeera : «La principale conclusion à laquelle nous sommes arrivés est que le processus d'occupation dans les îles Canaries est hétérogène. Nous avons découvert des différences singulières dans la constitution génétique des populations d'une île à l'autre, avec des lignées très apparentes dans celles qui sont proches du continent africain. Ceci signifie que des populations ont élu domicile dans l'archipel à travers au moins deux phases migratoires.» La chercheuse indique également que l'étude permet de constater «une grande diversité génétique dans certaines îles, contrairement à celle isolées géographiquement». En d'autres termes, «chaque île a suivi son évolution génétique, conditionnée par l'environnement et les conditions de vie en éloignement ou au carrefour des passages d'autres populations». Reconstituer les modes de vie passés de l'archipel «La situation dans les îles Canaries revêt une importance particulière, car la culture et la langue d'origine de sa population autochtone ont été perdues avec l'occupation européenne, ce qui complique notre capacité à en apprendre davantage», a déclaré de son côté Laura Botigué, experte en génétique en Afrique du Nord à l'Université de Barcelone, citée par le New York Times. Bien que les résultats de cette étude n'indiquent pas comment la première population canarienne a atteint les îles, elles fournissent «une preuve scientifique supplémentaire de leur venue en groupes importants, ce qui veut dire qu'elles disposaient préalablement des ressources nécessaires pour vivre». Révélées par les chercheurs, ces éléments génétiques constituant la population canarienne des siècles passés correspondent également aux reconstitutions des mouvements migratoires d'Afrique du Nord à travers la Méditerranée ou encore l'Europe depuis la période néolithique, ainsi que les phénomènes de migration depuis le Moyen-Orient et l'Afrique subsaharienne.