Après l'interdiction des minarets dans toute la Suisse, la dernière campagne électorale ouvertement xénophobe et anti-immigration de l'Union Démocratique du Centre (UDC), et la multitude des actes islamophobes, cette fois-ci c'est de cadavre de cochon et de têtes de cochon qu'il s'agit, enterrés sur un terrain dédié à la construction d'une mosquée, le tout arrosé de 120 litres de sang de cochon. Si l'acte n'est pas réellement une profanation aux yeux de l'islam, il n'en reste pas moins que cet acte hautement provocateur reste le symbole de l'expansion de l'islamophobie en Suisse, phénomène qui touche l'Europe de manière générale. Des têtes de cochons enterrés dans un terrain destiné à la construction d'une mosquée. La créativité des profanateurs n'a d'égal que leur islamophobie. Vendredi dernier, la police de Granges, ville Suisse du canton de Soleure, ainsi que certains médias ont reçu une lettre anonyme expliquant que des inconnus ont enterré un cadavre de cochon ainsi que quatre têtes de cochon sur un terrain de la ville de Granges qui est dédié à la construction d'une mosquée. Ces «inconnus» ne se sont pas arrêtés là. Ils ont également déversé 120 litres de sang de cochon sur ce même sol afin de protester contre «l'islamisation rampante» en Suisse. Des têtes de cochons Ces «inconnus» assurent, dans leur lettre, qu'ils vont «maintenant pouvoir constater si les promoteurs de la mosquée sont aussi croyants qu'ils le prétendent. On ne pourra plus les prendre au sérieux s'ils acceptent de faire construire la mosquée sur un sol profané», faisant ainsi une mauvaise interprétation des textes qui interdisent aux musulmans la consommation de la viande du porc, et non la construction de lieux de cultes par-dessus des terres arrosées de sang de cochon. «Nous avons juste à attendre la prochaine pluie ou chute de neige pour qu'elle nettoie le sol […]», explique Abdel Azziz Qaasim Illi, porte parole pour le Conseil Central Islamique Suisse (CCIS). «Depuis l'interdiction des minarets, il y a eu une augmentation d'actes islamophobes, donc ce n'est pas vraiment surprenant», regrette-t-il. Ce même terrain avait été l'objet d'un procès il y a quelques années. Le propriétaire, militant d'extrême droite, l'ayant vendu à la communauté musulmane assurait ne pas avoir été prévenu que le terrain serait destiné à la construction d'une mosquée, mais il a perdu le procès. Extension du domaine de l'islamophobie Dans un communiqué, le CCIS condamne sans retour. «Avec cet acte, une limite a été franchie et l'islamophobie en Suisse atteint un nouveau niveau». En effet, depuis l'interdiction des minarets en 2009, via referendum (57% de la population était pour l'interdiction des minarets), la suisse a pris un tournant islamophobe marqué par des actes séparés mais ayant la même cible. L'islam est d'ailleurs, statistiquement parlant, la 2ème religion du pays, après le christianisme. Selon les chiffres du gouvernement Suisse, le pays compte près de 400 000 musulmans, dont 50 000 pratiquants sur une population de 7,5 millions d'habitants, et ce malgré le net recul de l'Union démocratique du centre (UDC) lors des dernières élections fédérales. Ce parti de droite radicale s'est démarqué par une campagne hostile aux étrangers avec des affiches appelant à «jeter dehors» le mouton noir, coupable selon lui d'instaurer l'insécurité dans le pays, et d'autres promettant de renvoyer les arabes dans leur pays sur un tapis volant. L'UDC reste tout de même le premier parti du pays, suivi de du PSS, le parti social-démocrate. L'islamophobie a pris alors comme un feu de forêt et n'est pas spécifique à la Suisse. D'autres pays d'Europe comme la France par exemple, connaissent une montée exponentielle de l'islamophobie ces dernières années. La police soleuroise a ouvert une enquête pour trouver les coupables de la «profanation» du terrain dédié à la construction de la mosquée de Granges, mais déclare cependant qu'il n y'a pas de lien manifeste entre le procès intenté par l'ancien propriétaire et l'acte islamophobe.