Transporté samedi au CHU Averroès de Casablanca pour recevoir les soins nécessaires, Nasser Zefzafi souffrirait de complications qui, selon ses proches, l'exposeraient à un AVC. Ce lundi, son père et l'un de ses avocats confirment, tandis que le détenu a été ramené à sa cellule. Samedi dernier, Nasser Zefzafi a ressenti des douleurs aiguës au niveau des membres inférieurs, qui seraient causées par un caillot et ont conduit à des symptômes de paralysie. Il aurait ainsi perdu la motricité du pied et de la main droite, ainsi que la moitié du visage, selon son père, Ahmed Zefzafi, qui dit l'avoir joint au téléphone ce lundi. La famille réagit notamment au communiqué de l'administration de la prison d'Oukacha, qui a évoqué dimanche des faits d'«anarchie» et de «trouble», alors que le détenu a contesté la qualité des soins qui lui ont été prodigués par un infirmier. Après quoi, la direction du centre a été avisée et le concerné transporté au CHU de Casablanca. Une crise de douleurs qui n'est pas la première Dans une publication sur Facebook, Ahmed Zefzafi explique que son fils a tout juste été informé, le 26 janvier, des résultats d'une précédente IRM effectuée en mars 2018, selon laquelle le militant souffrirait d'une contraction artérielle au niveau du côté droit de l'encéphale. D'après Ahmed Zefzafi, qui cite les médecins du CHU, l'examen démontre que la contraction s'accentue, d'où cette récente crise de douleurs. Ainsi, le chef du service de neurologie aurait indiqué que le cas du détenu nécessite un transfert urgent à Rabat, notamment à l'hôpital militaire. «Cela ne s'est évidemment pas fait, puisque mon fils a été reconduit à sa cellule en prison», indique le père. Ahmed Zefzafi confie également partager les mêmes interrogations que son fils, sur la raison de cette «rétention d'information» autour de l'évolution de son état de santé. Dans ce sens, il affirme que Nasser Zefzafi «n'a jamais manifesté de symptômes similaires avant son arrestation, ce qui n'éloigne pas leurs liens aux violences dont il a fait l'objet le jour de son interpellation». Il écrit également que le militant aurait été cogné contre le mur lorsqu'il a été arrêté, en mai 2017 à Al Hoceïma, ajoutant qu'à six reprises lors de son transport, l'homme aurait reçu des coups de menottes à la tête. Si ce lien est établi, les affirmations de Nasser Zefzafi et de son père rejoindraient les allégations de torture et de mauvais traitements, dont les détenus du Hirak à Casablanca ont expliqué avoir fait l'objet à plusieurs reprises. Lors du procès en première instance, en 2018, les avocats avaient ainsi requis une expertise médicale indépendante, ce que le parquet avait rejeté, dans le temps. Après quoi, les 52 militants, dont Zefzafi, avaient été condamnés à de lourdes peines allant de 1 à 20 an de réclusion. Ce verdict fait actuellement l'objet d'un recours en appel. Retour en cellule Ce lundi, le concerné a reçu la visite de deux de ses avocats à la prison d'Oukacha. L'un d'eux, Mohamed Aghnaj, indique que son client aurait été traité aux anti-douleurs à chaque sensation désagréable au niveau des membres inférieurs. Il explique avoir ressenti les mêmes symptômes samedi avant de faire appel au personnel pénitentiaire qui aurait «refusé sous prétexte d'absence du médecin». Nasser Zefzafi aurait ainsi commencé à perdre le contrôle et les sensations de sa main et de son pied droit, le poussant à contester le traitement et à exiger une intervention de l'administration. «C'est là que le médecin est arrivé, mais que le transfert à l'hôpital a été entravé par le directeur», ajoute Me Aghnaj sur la base des récits du détenu. L'avocat indique que selon le diagnostic médical du 26 janvier, la contraction artérielle reconnue chez Nasser Zefzafi l'expose à des accidents cardiovasculaires (AVC) et que ce dernier épisode n'est pas un cas isolé, puisque le concerné a ressenti les mêmes douleurs en mars 2018. Selon lui, «il n'a pas pu bénéficier du traitement médical qui lui a été prescrit depuis le temps» et alors que des avis médicaux préconisaient son hospitalisation, les avocats confirment son retour à la prison d'Oukacha, où ils ont pu le rencontrer en même temps que le détenu Nabil Ahamjik. Mohamed Aghnaj précise que cette version réfute celle rapportée par le communiqué de l'administration carcérale, qui envisage «des mesures disciplinaires» à l'encontre du détenu ainsi que ceux qui ont exprimé leur colère face à la situation, et qui ont ensuite été réintroduits à leurs cellules. Contacté par Yabiladi cet après-midi pour des éclairages sur ces faits, le service de communication de la Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) est resté injoignable.