Avant sa disparition en Algérie en janvier 2009, El Khalil Ahmed était un haut cadre du Polisario et proche de Mohamed Abdelaziz. Dix ans après, sa famille et sa tribu veulent connaitre le sort de leur proche. Une action purement humanitaire et nullement politique vient d'être lancée, précise à Yabiladi un des fils du disparu. Sa famille et ses proches sont sans nouvelle de lui depuis janvier 2009. Lui, c'est El Khalil Ahmed, un membre de la direction du Polisario. Avant sa disparition, dans des conditions non encore élucidées, il occupait le poste de conseiller auprès de Mohamed Abdelaziz, chargé des droits de l'Homme. Pour une fois, le Front Polisario n'est pas pointé directement dans cette affaire même si par son silence, il en est complice. La famille et la tribu d'El Khalil Ahmed se tournent vers l'Algérie où il était incarcéré. Son fils aîné lui avait, d'ailleurs, rendu visite en septembre 2009. «Dix ans après, nous avons décidé de se mobiliser pour connaitre le sort de notre père. Les contacts avec des parties concernées au sein du Polisario ne nous ont pas permis de savoir si El Khalil Ahmed est réellement décédé dans sa prison en Algérie», nous confie ce lundi un des fils du disparu qui vit en France avec le statut de réfugié politique. «Même si ce dossier est hautement politique, notre action s'inscrit dans un cadre purement humanitaire», a-t-il tenu à préciser. Une disparition et des interrogations La mobilisation de la famille et la tribu (Rguibates Essouaad dont est originaire le disparu) commence à porter ses résultats. Au niveau des camps de Tindouf, une rencontre organisée le 25 janvier à ce sujet a connu la constitution d'une commission chargée de suivre cette affaire. Par ailleurs, un délai d'une semaine à dix jours a été accordé au Polisario pour répondre aux demandes de la famille. «L'incarcération d'El Khalil Ahmed soulève encore des interrogations aussi bien dans les camps de Tindouf qu'au Sahara quant au rôle qu'aurait joué Brahim Ghali dans cette disparition», observe dans des déclarations à Yabiladi une source au Sahara. Et d'expliquer que «le secrétaire général du Polisario, alors "ambassadeur" à Alger après son exfiltration d'Espagne, était la dernière personne membre du Polisario qu'El Khalil a rencontré». «A sa sortie de l'"ambassade", il avait rendez-vous avec une journaliste algérienne dans un café», rappelle-t-elle. On apprend également que son frère, installé à Laâyoune, avait remis un dossier complet à une délégation de l'ONU chargée des disparitions forcées en visite à Rabat. Des ONG unionistes au Sahara avaient soulevé, à deux reprises, cette affaire avec Christopher Ross. Son successeur Horst Köhler en est également informé. «Jusqu'à présent, l'Etat algérien refuse de répondre aux multiples demandes à ce sujet émanant de l'ONU et des organisations internationales des droits de l'Homme», déplore le fils d'El Khalil Ahmed.