Une récente étude élaborée par la firme britannique Wood Mackenzie Power & Renewables suggère que la combinaison entre l'énergie solaire et le stockage sur batteries, coûteux jusque-là, peut s'avérer compétitif par rapport aux centrales à cycle combiné au gaz naturel (CCGT). Alors que le Maroc considérait les CCGT comme des «outils fondamentaux pour gérer l'intermittence des énergies renouvelables», voilà qu'une étude annonce que l'addition d'un stockage sur batterie à l'énergie solaire peut concurrencer cette technologie. «L'énergie solaire, combinée à du stockage sur batterie, est d'ores et déjà compétitive par rapport aux centrales à cycle combiné au gaz naturel (Combined Cycle Gas Turbines, CCGT)», écrit cette semaine l'entreprise britannique spécialisée en énergie, Wood Mackenzie Power & Renewables. Les coûts actualisés de l'énergie et du stockage en baisse Citée par Green Tech Media, l'étude précise qu'«à elle seule, l'énergie solaire est beaucoup moins chère que les turbines à gaz à cycle combiné» sur les marchés marocains et jordaniens. L'entreprise britannique installée en Ecosse a en effet étudié le «coût actualisé de l'énergie», soit le prix complet d'une énergie sur la durée de vie de l'équipement qui la produit dans cinq pays du Moyen-Orient et d'Afrique : le Maroc, l'Egypte, la Jordanie, l'Afrique du Sud et les Emirats arabes unis. «Le fait que l'énergie solaire soit toujours compétitive avec la technologie gaz la plus efficace après l'ajout du stockage sur batterie – qui alourdit les coûts de 126% – est une très bonne nouvelle», a déclaré Rory McCarthy, analyste principal chez Wood Mackenzie Power & Renewables. Les derniers chiffres publiés par la société montrent que le coût actualisé de l'énergie solaire avec stockage se situe entre 60 et 100 dollars par mégawattheure (puissance d'un mégawatt agissant pendant une heure) dans les cinq pays. Elle en déduit que pour le cas du royaume, «la combinaison de l'énergie solaire et des batteries est aujourd'hui à égalité avec les CCGT, dont le coût en carburant varie entre 6,90 et 9 USD par million de Btu (unité de mesure britannique). L'étude explique que «pour les pays pauvres en gaz tels que le Maroc et la Jordanie, le stockage solaire plus sera motivé par la nécessité de réduire la dépendance aux importations coûteuses de gaz». Wood Mackenzie prédit que d'ici 2023, le coût du stockage tombera à 85%, au moment où le LCOE va également diminuer. «Ces réductions de coûts signifient que d'ici 2023, les niveaux de LCOE des systèmes photovoltaïques avec batteries seront tombés entre 40 et 60 dollars par mégawattheure, dépassant ainsi les CCGT dans tous les pays étudiés, à l'exception de l'Egypte», note le document. Le stockage de l'énergie solaire fait toujours défaut Mais bien que «les systèmes photovoltaïques et les batteries devraient atteindre la compétitivité des coûts dans quatre des cinq pays ciblés» dont le Maroc, l'entreprise britannique estime «qu'il est improbable que la demande augmente, en raison principalement des limites de durée de stockage de l'énergie». Le document déplore les «quatre heures de stockage sur batterie lithium-ion». Ses auteurs ont également examiné la compétitivité de l'énergie solaire concentrée (CSP) et du stockage thermique au Maroc, en Afrique du Sud et aux Emirats arabes unis. Ils notent que les accumulateurs thermiques CSP sont généralement conçus pour des applications de décharge de longue durée, avec jusqu'à 15 heures de stockage. «Si les offres sont conçues pour un stockage de longue durée, les projets lithium-ion risquent d'avoir des difficultés à ce niveau», indique le rapport. Mais selon ce dernier, «si les offres sont modélisées selon une approche technologique neutre, les systèmes de stockage solaire avec batteries peuvent concurrencer et gagner sur une base LCOE une fois que les réductions de coûts attendues se sont concrétisées pour les systèmes de quatre heures». L'étude démontre surtout que le stockage de l'énergie solaire, qui représentait une combinaison très coûteuse jusqu'à récemment, «bat les centrales à combustibles fossiles les plus rentables dans les régions où les combustibles fossiles sont parmi les moins chers du monde». «Dans les marchés confrontés à des problèmes d'équilibrage du réseau utilisant des énergies renouvelables à forte pénétration ou étant en train de supprimer progressivement les subventions sur le gaz, il est probable que les projets photovoltaïques continueront de plus en plus à cohabiter avec le stockage sur batteries», conclut l'étude.