En exposition actuellement à l'Espace Rivages à Rabat, Yabiladi dresse le portrait du Belgo-marocain Hamid Douieb. Natif de Casablanca et parti en Belgique dès l'âge de 20 ans, sa vie changera à jamais avec le choix d'écouter son cœur et sa sensibilité artistique. Il est l'un des Marocains ayant suivi jusqu'au bout leurs rêves de jeunes enfants. Né à Casablanca en 1948, Hamid Douieb a toujours voulu devenir artiste. Sa sensibilité artistique, son attirance pour la peinture et le dessin n'ont pourtant pas convaincu ses parents qui voulaient que leur enfant devienne un ingénieur en électronique. Il quitte ainsi sa ville natale pour la Belgique afin de suivre ses études. Arrivé à Tournai, l'art ne manquera pas de venir le retrouver. «Une fois en Belgique, j'avais une frustration et j'étais comme un gaucher qu'on obligeait à utiliser sa main droite», nous confie l'artiste-peintre. Mais cela ne durera pas longtemps. Parti en Belgique pour devenir ingénieur Ainsi, Hamid Douieb commence par suivre des cours du soir en peinture et sculpture à l'Académie du midi à Bruxelles avant de se consacrer entièrement à sa passion. «Un jour, devant 'L'empire des Lumières', une toile de René Magritte (artiste-peintre surréaliste belge, ndlr), j'ai eu une révélation et décidé de devenir peintre. Autodidacte, j'ai commencé à faire de la peinture surréaliste et hyperréaliste.» Hamid Douieb Une sélection des tableaux de Hamid Douieb. / Ph. DR Ses travaux finiront par attirer d'autres artistes. Il rencontre ainsi le groupe «Figuration Critique» dont les membres lui affirment sa touche de figuration. «C'était la sensibilité de ce groupe et j'ai donc travaillé avec eux dans ce sens. Nous avons même exposé ensemble» à l'ULB de Bruxelles en 1978, se rappelle le Belgo-marocain. Eloignement forcé du monde artistique Dans les années 1980, la mode avait changé mais pas Hamid Douieb qui gardera son style «figuratif figural». «J'étais à cette époque en contradiction avec la tendance où le conceptuel et l'abstrait commençaient à gagner l'attention», nous confie-t-il, se rappelant aussi la vague de fermeture de plusieurs galeries à cette époque. De plus, marié et parent, Hamid Douieb finit par arrêter de peindre. «Une traversée du désert», pour reprendre ses mots qui l'éloigne du monde artistique. Mais il finira par prendre «conscience de [son] envie de reprendre [sa] passion ; celle de peindre et d'exposer». «Alors que j'en ai parlé autour de moi, ma plus jeune fille m'a alors demandé de reprendre. Elle est née la dernière et ne m'avait jamais vu peindre même si je n'avais réellement jamais arrêté de dessiner», nous déclare-t-il. «Il y a une quinzaine d'années, j'ai donc décidé de revenir à la peinture. J'ai commencé à exposer à Bruxelles et à Paris. Mais j'ai eu une nouvelle révélation : A 65 ans, j'ai eu l'envie de revenir dans mon pays, non pas pour chercher une réussite ou un succès mais seulement une reconnaissance.» Hamid Douieb L'artiste-peintre Belgo-marocain Hamid Douieb à gauche. / Ph. DR Un retour aux sources L'artiste-peintre expose ainsi pour la première fois au Maroc et à Rabat, en 2011. Un attachement à son pays natal qui n'a jamais cessé. Ainsi, il nous confie avoir toujours eu «une sensibilité arabe et marocaine». «Cela s'était démontré dans mon choix des couleurs chaudes alors que je vivais dans un pays froid», note-t-il. Le retour de l'artiste au monde de l'art a également coïncidé avec un autre fait historique. «Dans le monde, le figuratif devient à nouveau une tendance et je redeviens donc à la mode sans l'avoir fait exprès. Je suis un vieux ringard qui a traversé les modes», ironise-t-il. Une sélection des tableaux de Hamid Douieb. / Ph.DR Aujourd'hui, Hamid Douieb revient jusqu'à cinq ou six fois au Maroc. Avec un atelier à Casablanca et un autre à Bruxelles, l'artiste dit tenter de «maintenir [sa] double casquette» ; celle d'artiste belge et de peintre marocain. Il ne cache pas avoir un souhait non encore réalisé. «J'aimerai faire une rétrospective à Casablanca, ma ville natale. Cela fait quand-même 40 ans de peinture et de travail mais j'attends toujours», conclut-il.