Si le Maroc a décidé de ne pas être présent lors de l'investiture du président vénézuélien Nicolas Maduro, le Front Polisario n'a pas raté l'occasion de montrer patte blanche. Seulement, la réélection de Maduro ne fait pas l'unanimité, ni au sein de son pays, ni même du côté des puissances régionales et internationales. Le Front Polisario poursuit ses actions en Amérique latine. La semaine dernière, son «ministre pour l'Amérique latine et les Caraïbes», Mansour Omar a été reçu par le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Jorge Arreaza. «Les deux parties ont discuté de questions d'intérêt mutuel et des excellentes relations entre elles, ainsi que des moyens de les développer», rapporte l'agence de presse du Polisario. Mansour Omar a été accompagné par «l'ambassadeur» du Polisario au Venezuela, Mohammed Salem Daha. Cette rencontre s'inscrit dans le cadre de la participation d'une délégation du Polisario à la cérémonie d'investiture de Nicolas Maduro, élu pour un deuxième mandat à la présidence de la République du Venezuela. Mais son investiture et sa réélection ne font pas l'unanimité avec une opposition farouche, contrôlant le Parlement et qui estime que ce second mandat de six ans n'est pas légitime. Elle considère ainsi que l'élection de Nicolas Maduro en mai dernier a été entachée de fraudes. Ce qui lui a d'ailleurs valu d'être comparé à Brahim Ghali. Dimanche, le média pro-Polisario Futuro Sahara a fustigé l'absence du secrétaire général du mouvement séparatiste à l'investiture de Maduro, rappelant que ce dernier fait face, en plus de la dépréciation de la monnaie locale, au mécontentement des puissances mondiales, comme les Etats-Unis, et celles régionales, ayant boycotté son investiture. Toujours selon cette source, l'Algérie, l'un des soutiens africains du Venezuela, aurait conseillé à Brahim Ghali de ne pas se déplacer à Caracas, lui faisant savoir que même les autorités du Palais d'El Mouradia, résidence présidentielle algérienne, ne dépêcheraient que le ministre de l'Energie. L'absence du Maroc, une mesure calculée ? Côté marocain, le royaume n'a pas été présent lors de cette investiture. Une absence calculée qui fait suite à des tentatives, depuis septembre, de rétablissement des relations diplomatiques entre Rabat et Caracas. Jeudi 27 septembre, le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita avait rencontré le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Jorge Arreza, en marge de la 73e session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York. Les deux ministres se sont retrouvés, moins de trois mois plus tard, à Marrakech en marge de la signature du Pacte de Marrakech sur les migrations. Une rencontre destinée à «consolider les relations bilatérales entre le Royaume du Maroc et la République bolivarienne du Venezuela afin de renforcer les échanges d'opinions portant sur les droits de l'Homme et les migrations», avait rapporté le média vénézuélien Radio Mundial. Mais entre Rabat et Caracas, les relations diplomatiques sont rompues depuis janvier 2009. Le royaume avait même rappelé son ambassadeur à Caracas avant d'en faire l'annonce, critiquant «l'hostilité croissante» des autorités vénézuéliennes sur le dossier du Sahara. Depuis, les réunions formelles de l'ONU sont marquées par des querelles virulentes entre les ambassadeurs des deux pays. Le Venezuela reconnaît la «RASD» depuis 1983. Une reconnaissance qui n'empêche plus le royaume de tenter de normaliser ses relations diplomatiques avec certains Etats comme Cuba. Mais en attendant un retour au calme au Venezuela, la normalisation des relations diplomatiques reste en suspens.