Alors qu'une enquête a été ouverte ce mardi pour déterminer les causes du déraillement d'un train survenu près de Bouknadel et ayant causé la mort de 7 personnes, un expert en maintenance au sein de l'ONCF apporte quelques précisions. Pour lui, le drame serait causé par le matériel roulant ainsi que sa maintenance. L'accident survenu mardi matin près de Bouknadel, ayant coûté la vie à 7 personnes lors du déraillement d'un train, a profondément choqué les Marocains mais a également éveillé en eux un élan de solidarité. Alors qu'une enquête a été ouverte pour déterminer les causes du drame, plusieurs témoignages font état d'un problème grave de trains précédents au niveau de l'aiguillage. Pourtant, ce n'est pas à ce niveau que le train numéro 9 en provenance de Casablanca et à destination de Kénitra aurait déraillé. L'origine de l'accident est à rechercher au niveau du matériel roulant et de sa maintenance, comme nous l'affirme mardi soir un expert en maintenance des trains, travaillant au sein de l'Office national des chemins de fer (ONCF). Le matériel roulant et la maintenance comme principales causes Joint par Yabiladi et ayant requis l'anonymat, il dément les rumeurs circulant sur les réseaux sociaux. «D'après mon expérience professionnelle, lorsque 20 trains ont emprunté une même voie sans rencontrer d'incident ou sans dérailler à l'exception d'un seul, il faut chercher l'origine du problème au niveau du matériel roulant et/ou la maintenance de ce dernier train et non pas les rails», nous précise-t-il. «De plus, concernant le point où le train a déraillé, il n'y a ni poste d'aiguillage ni une entrée de gare mais en pleine voie. Puis, lorsqu'un train déraille sans trouver un obstacle devant lui, les dégâts sont minimes.» Source interne au sein de l'ONCF Pour l'expert, le déraillement dudit train est survenu «après la sortie des deux premières roues, qu'on appelle communément des essieux». Le train s'est ensuite incliné du côté gauche avant que sa locomotive ne heurte au point de Bouknadel et que les autres rames ne la suivent, causant le drame. Cet expert en maintenance affirme que «tout le monde en interne est au courant qu'il y a un vrai problème du matériel roulant». «Mais ça m'étonnerait que la direction reconnaisse ce problème puisque cela la placerait sur le banc des accusés», regrette-t-il. Maroc : Sept morts et plus de 86 blessés dans le déraillement d'un train près de Bouknadel Pour appuyer ses dires, notre interlocuteur précise que la voie sur laquelle roulait le train numéro 9 a été «nouvellement construite et empruntée même fréquemment par le TGV». D'autres maux ayant conduit au drame Si l'enquête révèle qu'il s'agit bel et bien d'un problème du matériel roulant, la responsabilité de la direction de l'ONCF sera-t-elle pour autant engagé ? Notre source précise que les services de maintenance de chaque dépôt disposent d'un carnet de maintenance, où chaque technicien note ses observations sur le comportement des rames. «La direction pourra aisément se défausser, même si elle est réellement responsable», craint-il. L'envers du décors est pourtant accablant pour la compagnie, ajoute-t-il avec regret. Les conditions de travail des techniciens se sont sensiblement dégradées ces dernières années. D'abord, «un grand nombre de rames comparé au nombre restreint de techniciens effectuant le contrôle», ce qui conduit selon lui à des «contrôles moins fréquent et moins rigoureux». Ce cheminot dénonce aussi la formation des techniciens de maintenance au sein de l'ONCF. Elle a été considérablement réduite au fil du temps : de «deux à trois ans avec des stages à l'étranger» à une simple «période de six mois suivi d'un examen avant de se rendre sur le terrain». Il confie aussi qu'un expert chargé de maintenance ou de validation du matériel roulant serait «victime de pression, par la voie de la rémunération ou encore la notation». «Des fois, certains déclarent qu'un matériel roulant est conforme aux normes de sécurité alors qu'il ne l'est pas. Ils prennent ainsi des risques pour ne pas être sanctionnés par la suite», reconnaît-il. «Je pense que ce système est appliqué au détriment de la sécurité. On peut donc facilement mettre en péril la vie de centaines de personnes voyageant à bord d'une machine risquée.» Source interne au sein de l'ONCF Le chantier du TGV n'échappe pas à la critique puisque notre source considère qu'il est «venu aggraver la situation». «L'attention est focalisée sur ce projet alors qu'on oublie la voie classique et la maintenance des autres rames», lâche-t-il, en ayant une pensée pour les victimes.