Le vainqueur des élections générales du Québec a ouvert la voie à des restrictions concernant le port de vêtements et d'accessoires religieux. Il a d'ailleurs reçu le soutien embarrassant de Marine Le Pen. Les fonctionnaires québécois pourraient bientôt se voir interdire le port de vêtements et d'accessoires religieux en vertu d'une «loi sur la laïcité», indique The Telegraph. Elle a été proposée par la Coalition de centre droit Avenir Québec (CAQ), après que celle-ci a remporté les 42e élections générales le 1er octobre. Des restrictions seraient ainsi imposées à tous les symboles religieux, y compris la kippa, le turban et le hijab, et s'appliqueraient aux juges, procureurs, policiers, gardiens de prison et enseignants de la province francophone. La plupart des Québécois «veulent un cadre de travail dans lequel les personnes occupant des postes d'autorité ne portent pas de signes religieux», a déclaré jeudi dernier François Legault, chef de la CAQ, lors de sa première conférence de presse à l'issue des élections. Dans le cas où les employés refuseraient de se conformer à la loi, ils seraient contraints d'accepter un emploi de bureau limitant le contact avec le public, ou de démissionner. Mercredi, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a exhorté François Legault – qui succèdera à l'actuel Premier ministre Philippe Couillard – à reconsidérer cette proposition de loi. «Je ne suis pas d'avis à ce que l'Etat dise à une femme ce qu'elle peut ou ne peut pas porter», a-t-il réagi. Il a également souligné que ce choix personnel et cette liberté de culte sont garantis par la Charte canadienne des droits et libertés, intégrée dans la constitution par son père, l'ancien Premier ministre Pierre Elliott Trudeau. Ce à quoi François Legault a réagi en annonçant son intention de s'appuyer sur une clause obscure pour écarter toute contestation constitutionnelle de son projet de loi. La CAQ embarrassée par Marine Le Pen Dimanche 7 octobre, une foule de manifestants a investi les rues de Montréal pour protester contre le racisme et dénoncer l'élection de la CAQ, d'après The Chronicle Herald. Des familles musulmanes poussant des poussettes, des chefs de communautés autochtones, des activistes étiquetés anticapitalistes et des membres d'une cinquantaine de groupes communautaires ont défilé dans le centre-ville. Les manifestants ont également critiqué le projet de réduction de l'immigration au Québec de 20% (soit 10 000 nouveaux arrivants en moins par rapport aux 50 000 de cette année), lequel exige par ailleurs que les nouveaux arrivants passent des tests d'évaluation de langue et de citoyenneté. Il faut dire que l'élection de François Legault a tout d'un virage populiste, d'autant que la CAQ revendique ouvertement son nationalisme québécois. Le chef de la formation a d'ailleurs été contraint de prendre ses distances avec Marine Le Pen, embarrassé par un tweet de la présidente du Rassemblement national au lendemain de sa victoire. Contrairement à ce que serinaient les libéraux immigrationnistes béats, les Québécois ont voté pour moins d'immigration. La lucidité et la fermeté face au défi migratoire est le point commun des élections de quasiment tous les pays du monde confrontés à cet enjeu. MLP #Québec pic.twitter.com/FgtSpNUszS — Marine Le Pen (@MLP_officiel) 2 de octubre de 2018 A ceux qui estiment que son gouvernement est hostile aux migrants, il a répondu : «Accueillez des milliers d'immigrés chaque année, mais nous le ferons d'une manière qui favorise l'intégration.» Pour rappel, en octobre 2017, le Québec avait voté en faveur de l'interdiction des niqabs, burqas et hijabs dans les secteurs publics. La loi est entrée en vigueur le 1er juillet 2018 mais n'a jamais été appliquée. Les tribunaux l'avaient jugée discriminatoire à l'égard des femmes musulmanes portant un voile intégral.