Décédée mercredi lors d'une marche pour le droit des soulaliyates dans la province d'Azrou, la manifestante dont le corps a été autopsiée en soirée vient d'être inhumé. Selon une source associative, la manifestante aurait été étouffée lors d'une intervention policière. Fadila M., 38 ans, fait partie des ayants-droit parmi les soulaliyates des tribus d'Aït Merouel (Azrou-Ifrane). Elle vient d'être inhumée cet après-midi par sa famille. Hier, elle a fait partie des manifestantes qui ont organisé une marche pour se rendre devant la préfecture d'Ifrane et réclamer leur droit à l'héritage de terres collectives dans la région. Sur leur chemin, les autorités sont intervenues au niveau de la route nationale numéro 8 pour disperser le rassemblement. C'est là que la saisonnière agricole «a été étouffée par un membre des forces d'ordre à l'aide du drapeau marocain» qu'elle brandissait, selon un communiqué diffusé mercredi soir par l'Association marocaine des droits humains (AMDH) à Azrou. Voilà le communiqué de l'AMDH Azrou. pic.twitter.com/94sQOMP4Vy — فيروز (@Fayrouz_yousfi) 26 septembre 2018 Dans un autre communiqué, les autorités locales d'Ifrane ont annoncé plus tôt le décès de la femme pendant son transfert à l'hôpital provincial 20 août, «en dépit des premiers secours qui lui ont été procurés». Selon la même source, Fadila M. s'est évanouie avec une deuxième manifestante au niveau de la commune de Sidi Lmakhfi. Le document annonce également l'ouverture d'une enquête sur les circonstances de cette mort, sous la supervision du parquet. Une investigation à la demande de la famille Président de la section locale de l'AMDH, Mohamed Rachidi indique à Yabiladi que l'autopsie a été réalisée dans la nuit du mercredi au jeudi, après le transfert de son corps à Meknès à cet effet. Cependant, les résultat de cet examen ne sont pas encore connus. Selon l'association, Fadila M. a perdu la vie dans des faits qui se sont déroulés «à 14 Km d'Azrou». L'ONG en a été alertée après l'intervention des autorités. Cependant, les images de cet accrochage n'existent plus selon ses dires. Par ailleurs, le militant nous indique que le corps de la défunte a pu être identifié par les membres de sa famille, qui se sont rassemblés aux portes de l'établissement avec d'autres citoyens pour exiger une enquête. «Personne d'autre n'a pu voir le corps de la défunte, mais certains disent qu'il aurait des traces apparentes de violences autour du cou. Le personnel hospitalier a d'ailleurs refusé l'accès aux membres de l'AMDH en évoquant "des consignes" qui leur auraient été données.» Mohamed Rachidi, président de l'AMDH à Azrou Notre interlocuteur fait également état de réserves exprimées sur l'idée d'entreprendre une autopsie du corps, mais que celui-ci a finalement été examiné par un médecin légiste «après les insistances des participants au sit-in». Pour sa part, le président de l'AMDH à Azrou a rendu visite à ses proches. «Elle venait tout juste de se marier, il y a une quinzaine de jours ; elle est décédée désormais», se désole-t-il. Des circonstances floues autour du décès Alors que les autorités locales rapportent le décès de Fadila M. sur le chemin de l'hôpital, la section locale de l'AMDH souligne que celle-ci aurait succombé sur les lieux de la manifestation, en s'appuyant sur des témoins oculaires parmi les participants à la marche. Les différentes versions relayées sur les circonstances de son décès sont d'ailleurs une raison principale parmi celles ayant poussé ses proches à demander l'ouverture d'une enquête, en espérant que celle-ci fera connaître la vérité. Dans ce sens, Mohamed Rachidi déplore le fait de voir disparaître les preuves matérielles des faits. «Une vidéo en direct d'un journaliste qui était présent sur place documentait la marche et les accrochages survenus entre manifestantes et autorité, mais nous ignorons les raisons pour lesquelles elle a été supprimée.» Mohamed Rachidi, président de l'AMDH à Azrou Les femmes soulaliyates dont la défunte fait partie ne sont pas encore organisées en association, mais elles se revendiquent parmi les ayants-droit de la tribu d'Aït Merouel lésés dans la répartition légale des biens fonciers ou des propriétés terriennes qui leur reviennent. Article modifié le 27/09/2018 à 16h31