Même si en Afrique du sud, les opposants au Maroc sont encore nombreux, Rabat est en train de réaliser une petite percée dans ce pays. Si les relations avec le Congrès national africain (ANC) de Cyril Ramaphosa sont toujours tendues, Rabat a réussi, durant les derniers mois, à rallier à sa cause l'un des think tank les plus réputés à Pretoria et en Afrique australe. Dans un article intitulé «Comment la dernière décision de l'Union africaine sur le Sahara occidental pourrait affecter d'autres crises», The Institute for Security Studies (ISS) a couvert d'éloges la diplomatie marocaine lors du 31e Sommet de l'organisation continentale de juillet organisé à Nouakchott. Le texte reprend exactement les mêmes arguments cités auparavant par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale pour expliquer la «réussite» du Maroc, tels les neutralisations des rôles du Conseil de paix et de sécurité et de l'envoyé de l'UA pour le Sahara, le Mozambicain Joaquim Chissano, au profit d'une troïka présidentielle. Le think tank a changé son fusil d'épaule Cet engagement de l'ISS à défendre les positions du royaume sur la scène africaine n'est pas sans soulever des interrogations. Et pour cause, en mars 2017, le centre s'était prononcé contre la demande l'adhésion du Maroc à la CEDEAO. Liesl Louw-Vaudran, chercheuse audit centre, a mené une campagne contre la demande déposée par Rabat. «Géographiquement, le Maroc ne fait pas partie de l'Afrique de l'Ouest. Sa culture arabe est totalement différente de celle de l'Afrique subsaharienne (…) Le Maroc s'est rendu compte qu'il ne souhaitait plus être la brebis galeuse du continent africain», avait-elle expliqué à la presse internationale. Des déclarations reprises ensuite par l'ancien président de la Commission de la CEDEAO, Marcel de Souza pour botter en touche la requête de Rabat avant de mettre du vin dans son verre et prendre la défense de la démarche marocaine. Force est de constater que The Institute for Security Studies a manifestement emboîté le pas au Béninois. Mais l'article en question n'est pas le premier du genre. Il s'inscrit plutôt dans une politique d'ouverture initiée par le centre depuis quelques mois. En témoigne l'interview réalisée en avril dernier avec le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita. Une ouverture qui s'est aussi poursuivie avec la participation d'un membre de la direction du think tank sud-africain à la «Journée de l'Afrique», organisée le 25 mai dernier à Rabat.