Une semaine après la fusillade qui a fait sept blessés dont un grièvement, des internautes s'interrogent sur l'absence de réaction des responsables politiques, dénonçant en filigrane une compassion «deux poids deux mesures». Combien sont-ils à avoir condamné la fusillade survenue dans la nuit de dimanche 29 à lundi 30 juillet à Beaune ? Une semaine après que sept jeunes ont été blessés, dont un grièvement, par des tirs de fusil dans cette commune de Côte-d'Or, le silence des responsables politiques alimente le vacarme sur les réseaux sociaux. Le parquet de Dijon a toutefois évoqué, vendredi 3 août, «des insultes à caractère raciste» proférées plus tôt dans la soirée, indique Le Monde. «Des insultes à caractère raciste auraient été proférées par les occupants du véhicule», a déclaré dans un communiqué le procureur adjoint de Dijon, Thierry Bas. «Aucune piste n'est à ce jour privilégiée», a-t-il ajouté. «Heureusement que le banc était là pour me sauver, a témoigné l'une des victimes à France 3 Bourgogne-Franche-Comté. Sans cela, je pense que c'était fini pour moi. Au bord de la voiture, j'ai vu à leurs regards qu'ils avaient une haine envers nous». «Le pire, c'était les propos, dénonce le même jeune homme. Comme quoi on serait des bougnoules, qu'on n'avait rien à faire dans ce pays et qu'ils allaient revenir calibrés». Malgré la gravité des faits et la dimension raciste des propos proférés par les tireurs, l'heure est au silence dans les rangs des responsables politiques. Un mutisme couplé à une forme d'indifférence générale, qui n'a pas manqué de faire réagir les internautes. S'il n'y avait pas Twitter je ne serais pas au courant de l'attaque raciste de #Beaune . C'est incroyable qu'une telle agression puisse presque passer inaperçu. J'imagine que si les rôles avaient été inversé ce serait totalement différent.. — Manu (@____Manu) 7 de agosto de 2018 À #Beaune, chaque voiture qui passe & qui n'est pas reconnue fait ressurgir la peur... Et aux souvenirs de cette nuit traumatisante s'ajoutent la colère face à une indifférence quasi générale & au sentiment de ne pas être reconnus comme victimes, a fortiori d'une attaque raciste. — Sihame Assbague (@s_assbague) 6 de agosto de 2018 Je vois passer des infos absolument alarmantes sur l'agression raciste de Beaune. Des gamins hospitalisés, au corps criblé de petites balles de plomb, en grde détresse psychologique. Pourquoi ce drame ne fait-il pas l'objet de condamnations politiques fortes et officielles? — Laurence De Cock (@laurencedecock1) 6 de agosto de 2018 Les Français sont les premiers à nous parler des fusillades aux USA, à faire des campagnes et à protester contre .. y en a une en France contre un groupe de maghrébins : SILENCE RADIO. #Beaune — Cirta (@Bundcheng1) 6 de agosto de 2018 La LICRA pourrait se porter partie civile Jeudi dernier, une page Facebook de soutien a été créée par une habitante du quartier Saint-Jacques, où les faits ont eu lieu. Photos à l'appui, elle fait état des violences physiques subies par les victimes. Ce mardi, l'administratrice a par ailleurs annoncé qu'une rencontre avait été organisée hier soir, avec des membres de la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme). «La LICRA est présente pour faire le lien avec plusieurs interlocuteurs, pour défendre les témoignages, faire écouter les victimes et reconnaître les faits», écrit-elle, précisant que la Ligue se portera partie civile «si la qualification d'acte raciste est reconnue». L'association SOS Racisme a également réagi, lundi 6 août, par l'intermédiaire d'un communiqué de presse, rejetant d'emblée la piste d'un règlement de compte, privilégiée dans un premier temps par le procureur. «Ce traitement est symptomatique des clichés les plus éculés qui peuvent frapper les jeunes de quartiers populaires. De victimes, les jeunes ont été présentés comme des personnes que de nombreux internautes se sont plus à présenter comme des délinquants et donc, dans leur esprit, des coupables de l'acte qu'ils venaient de subir», a-t-elle déclaré. «Ce qui s'est passé à Beaune est une agression agrémentée contre des jeunes, au regard des témoignages concordants recueillis par le comité SOS Racisme Côte-d'Or (…) d'une très forte suspicion d'une dimension raciste, manifestement écartée par le Procureur.» SOS Racisme L'association «demande que cesse cette sous-estimation systématique de la dimension raciste des agressions contre les personnes et demande que la justice se défasse de clichés qui l'amènent, à peine l'enquête débutée, à écarter ladite dimension, renvoyant les événements à un simple règlement de compte car intervenu dans un quartier populaire que tous les témoignages présentent comme habituellement calme», écrit-elle enfin. L'antenne régionale Bourgogne-Franche-Comté du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) a pour sa part rencontré les victimes de la fusillade, dimanche 5 août. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, elle souligne que «toutes les victimes, sans exception, indiquent que des propos racistes, sans équivoques, ont été tenus par les assaillants. Les familles de victimes s'en remettent à la justice et ont déjà saisi des avocats». De plus, celles-ci «pointent des condamnations politiques qui ne sont pas à la hauteur de la tragédie». Le CCIF déplore «l'instrumentalisation» de cette agression «pour véhiculer des idées destructrices en amalgamant ''l'insécurité'', les ''quartiers prioritaires'' et une ''immigration anarchique''». Le communiqué a notamment été signé par la Ligue des droits de l'homme (LDH), l'Union juive française pour la paix (UJFP) et la branche du département de la Côte d'Ivoire du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). Article modifié le 07/08/2018 à 16h24