José Luis Rodriguez Zapatero est apprécié au Maroc. La présence de son grand-père à Larache pendant quelques années n'explique pas cette proximité. Elle est plutôt la conséquence de la relation privilégiée entre l'ancien chef du gouvernement espagnol et le roi Mohammed VI. Difficile de donner le nombre exact de visites officielles et privées de José Luis Rodriguez Zapatero au Maroc. L'ancien chef du gouvernement espagnol est un habitué du royaume et des palais de Mohammed VI. Sa rencontre avec le roi, le 30 juillet à Tanger, n'est que la dernière d'une longue série qui se joue sans interruption depuis presque 18 ans et a su résister aux aléas de la politique. En juillet 2000, alors âgé de 40 ans seulement, il prend les commandes du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) après la débâcle des socialistes aux législatives de mars 2000. Entouré d'une équipe de jeunes (notamment José Blanco et Trinidad Jiménez), il se lance aussitôt dans une refonte de son parti avec l'objectif déclaré de reprendre le pouvoir sur la droite en 2004. Contrairement à ses camarades au PSOE, Zapatero a les yeux rivés sur le Maroc. En décembre 2001, il entreprend une visite à Rabat. Un déplacement qui ne pas fait l'unanimité auprès de ses camarades, particulièrement dans les rangs des «barons», tel José Bono. Au Parti populaire (PP), la colère est plus prononcée. Les fidèles du Premier ministre José María Aznar n'hésitent pas à accuser le chef du PSOE de «vouloir diviser» le pays et d'offrir un cadeau inespéré à Mohammed VI. «Le Maroc mérite une attention préférentielle» A Rabat, le royaume reçoit Zapatero avec les honneurs dignes d'un chef d'Etat. Le socialiste s'entretient avec le souverain et le chef du gouvernement, Abderrahmane El Youssoufi. Trois années plus tard, il remporte la victoire aux législatives du 14 mars 2004. Zapatero a ainsi l'occasion d'honorer ses engagements de 2001 d'initier une «nouvelle étape» dans les relations entre Madrid et Rabat. Ce qu'il n'a pas tardé à clamer haut et fort dans son discours d'investiture : «Le Maroc doit recevoir une attention préférentielle. Ce pays exige et mérite une attention préférentielle et des relations qui vont dans le sens de l'entente profonde» entre les deux voisins. Durant ses deux mandats à la tête du gouvernement, les liens entre les deux voisins sont exemplaires. Madrid modère son appui au Polisario, notamment à l'ONU. En échange, Rabat coopère fortement dans la lutte contre l'immigration à destination des Iles Canaries. Cette embellie s'est également manifestée dans l'entente entre Zapatero et Mohammed VI. En témoigne la réaction rapide du souverain à la victoire du PSOE aux législatives de 2008 : sans attendre la proclamation des résultats officiels, le roi félicitait le socialiste. Une fois qu'il a eu quitté le pouvoir en décembre 2011, cette relation privilégiée a entamé une nouvelle ère. Sur les traces de son ancien mentor, Felipe Gonzalez, Zapatero n'hésite plus à afficher sa proximité avec le Maroc au risque de froisser certains membres de son parti pro-Polisario. En mars 2015, il prend part au Forum Crans Montana organisé à Dakhla. Quelques mois plus tôt, il défendait le bilan des droits de l'homme du Maroc à l'occasion du Forum mondial des droits de l'homme, tenu en novembre 2014 à Marrakech. En reconnaissance de ses offres pour plaider les positions du Maroc, à l'occasion de la fête du Trône de 2016, le roi avait décoré l'ancien chef du gouvernement espagnol du Wissam Alaoui de classe exceptionnelle. Aujourd'hui encore, Rabat peut compter sur Zapatero, ce dernier ayant une certaine influence sur Pedro Sanchez.