L'incapacité du gouvernement El Othmani à freiner la hausse des prix met à mal certains ministres. En témoigne ce qui s'est passé ce mardi à la Chambre des conseillers. La séance des questions orales à la Chambre des conseillers a été levée pendant trois minutes, ce mardi, après une question sur la hausse des prix durant ramadan. C'est une déclaration du ministre des Affaires générales et du gouvernement qui a donné le ton, ce dernier affirmant que les prix des produits de consommation de base «enregistrent une baisse». Pour étayer ses propos, Lahcen Daoudi a cité des exemples relatifs aux kilos de sardines, de tomates et d'oranges, soutenant qu'il les a recueillis en personne, ce matin aux marchés de gros de Rabat, Salé et Témara. Son prédécesseur, Mohamed El Ouafa, avait initié en décembre 2015 un argumentaire du même acabit au lendemain de la libéralisation des carburants. Pour rappel, devant les députés, ce dernier avait annoncé que l'ancien chef du gouvernement l'avait tiré de son sommeil, exigeant la liste des prix de l'essence et du diesel dans toutes les stations. La suite est connue. Une vidéo de Daoudi datant de 2009 a mis le feu aux poudres Lahcen Daoudi a qualifié de «normale» la flambée constatée depuis le début du mois sacré sur les marchés marocains. Pour exprimer son désaccord avec la version du ministre, le groupement de la CDT a diffusé une vidéo datant de 2009 d'une intervention de Daoudi, alors dans les rangs de l'opposition, dénonçant avec vigueur l'inaction du gouvernement Abbas El Fassi face à l'augmentation des prix. S'en est suivi un vif échange entre les deux parties, ainsi que des interventions du président du groupe PJD, Nabil Chikhi, et du ministre des Relations avec le Parlement, Mustapha El Khalfi, réclamant le droit de Daoudi de répondre à la question sans qu'il soit interrompu par les conseillers de l'opposition. Jetant de l'huile sur le feu, le PAM a également fait part de ses désaccords. Malgré le brouhaha qui a envahi l'hémicycle, le ministre a déclaré que «le gouvernement a garanti l'offre» durant le ramadan, «en recourant même à l'importation». «En revanche, le combat contre les intermédiaires demeure permanent», a-t-il souligné. Une version nullement partagée par l'opposition, contraignant la présidente de la session des questions orales à lever la séance. Une fois le calme retrouvé, Lahcen Daoudi a réitéré qu'«en principe, les prix doivent baisser». Et de rappeler la ligne 5757 mise à la disposition des consommateurs marocains pour dénoncer les spéculateurs. Hier à la Chambre des représentants, Saâdeddine El Othmani a classé les préoccupations des consommateurs comme suit : d'abord l'offre des produits, la qualité et en dernier lieu le prix.