Une première dans la littérature amazighe contemporaine. Le dramaturge et poète Saïd Abarnous traduit vers l'amazigh Sophonisbe, une pièce de théâtre à travers laquelle Voltaire a rendu hommage à cette héroïne carthaginoise du 3ème siècle av. J.-C. En plus de promouvoir l'apprentissage et la transmission de cette langue, l'idée d'Abarnous est de mieux faire connaître cette figure de l'époque antique en Afrique du Nord. En effet, Sophonisbe a été l'épouse de Syphax, roi amazigh de Numidie, vers 206 av. J.-C. Avec ce mariage, le général Hasdrubal Gisco, père de la jeune femme, a voulu sceller une alliance entre Carthage et les rois égyptiens. D'autre récits historiques indiquent que Sophonisbe a précédemment été fiancée à Massinissa. Elle est connue pour sa beauté et son intelligence. Des historiens gréco-romains, dont Polybe, indiquent que Sophonisbe a eu une grande influence sur Syphax. Elle aurait même été celle qui l'a motivé, en 203 av. J.-C, à mener la bataille des Grandes Plaines contre l'empire romain, auquel Massinissa est allié. Syphax a été vaincu et capturé par ses ennemis. Massinissa épousera Sophonisbe, alors âgée de 23 ans. Cependant, Rome exigera de lui de livrer la reine en guise de trophée de guerre. Refusant de se rendre, cette dernière se suicidera par empoisonnement. Son parcours héroïque autant que tragique inspirera d'abord les auteurs des 16ème et 17ème siècles, dont l'Italien Gian Giorgio Trissino, ou encore le dramaturge français Jean Mairet. Pierre Corneille suivra, avant Voltaire au 18ème siècle. Des peintres rendront également hommage à Sophonisbe, comme Rembrandt, ou encore Giovanni Battista Pittoni. Inspiré par l'œuvre de Voltaire, Saïd Abarnous joint ainsi ses écrits à ceux ayant fait connaître Sophonisbe à travers les siècles, mettant en avant ses valeurs de courage, de dignité, d'honneur, ainsi que son esprit de sacrifice et de ténacité.