Le 7 décembre dernier, une délégation de l'UE s'est rendue à Laâyoune, au moment où le parlement européen examine l'extension de l'Accord de pêche avec le Maroc. La visite a provoqué l'ire du Front Polisario, qui a réagi lundi dans un communiqué. Le parlement européen s'apprête à voter l'extension de l'Accord de pêche avec le Maroc. Ce traité économique est contesté par le Front Polisario, qui fustige, dans ce contexte, la visite d'une délégation de l'UE le 7 décembre à Laâyoune. Celle-ci s'était prononcée en 2016 sur le fait que la situation de conflit au Sahara occidental n'empêchait pas des exportations de produits depuis la région, si les retombées économiques de cette activité bénéficiaient à la population locale. Dans son communiqué publié lundi, le mouvement séparatiste critique cette venue, rappelant qu'en décembre 2016, «la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) avait clairement estimé que le Sahara occidental, la ville de Laâyoune incluse, n'étaient pas des territoires marocain». Mohammed Sidati, représentant du Front auprès de l'UE, considère ainsi que la Commission européenne doit «obtenir de manière légale le consentement du peuple sahraoui, avant de continuer ou d'interrompre les relations économiques avec les entreprises basées au Sahara occidental». Selon le communiqué, le diplomate considère que la présence de la délégation européenne à Laâyoune le 7 décembre comme «une violation sérieuse de la législation européenne». La représentation s'est rendue le 7 décembre dans la ville, afin d'effectuer une mise à jour de la liste des entreprises autorisées à exporter leurs produits vers l'UE. L'UE tente de maintenir l'équilibre Le jour de la présence de la délégation européenne à Laâyoune, le 7 décembre, le Parlement européen accueillait un séminaire initié par le Western Sahara Resource Watch (WSRW). Intitulée «l'UE et le Sahara Occidental : commercer avec le poisson, ignorer les droits ?», la rencontre a été marquée par l'intervention, entre autres, d'Ali Salem Tamek, militant du Front Polisario anciennement emprisonné au Maroc, ainsi que de l'eurodéputée Isabelle Lövin, qui a présenté ses conclusions en tant que rapporteuse sur l'Accord de pêche UE-Maroc. Le WSRW est actif auprès de l'UE depuis 2006, faisant du lobbying depuis, afin de persuader l'Union européenne de ne pas conclure d'accords avec le Maroc, couvrant le Sahara occidental. A partir de 2007, il a fait du retrait de l'Accord de pêche son cheval de bataille. Si l'Union européenne ouvre ses portes au Maroc comme aux représentants et aux militants du Polisario, elle tente également de reconduire les accords avec le Maroc pour ses intérêts économiques. Contacté par Yabiladi pour commenter les décisions données par la CJUE dans ce sens, le ministère danois des Affaires étrangères avait précédemment signifié que l'UE tentait une solution de juste milieu. «Le verdict rendu par la CJUE le 21 décembre 2016 ne prévoit pas un bannissement de produit ou l'interdiction de les importer s'ils provenaient du Sahara occidental», estimait alors le diplomate danois, affirmant son «soutien aux négociations entre l'UE et le Maroc quant à une tarification préférentielle pour les produits en provenance du Sahara occidental, afin que la population locale bénéficie des retombées de ces activités économiques». Le 21 décembre 2016, la CJUE avait rejeté le recours en annulation formé par le Front Polisario, qui espérait obtenir l'annulation des accords de libéralisation avec le Maroc. Le 10 décembre 2015, à la suite d'une requête du Front Polisario, la Cour avait annulé partiellement la décision du Conseil de l'Union européenne, approuvant l'Accord conclu en 2012 avec Rabat, au motif de la non-application des accords au Sahara occidental. Le 16 février 2016, le recours de pays de l'Union européenne devant la Cour avait décidé de l'irrecevabilité de la demande du Polisario.