Le timing de la visite de Nasser Bourita en Chine n'est pas sans soulever des interrogations sur l'état actuel des relations entre Rabat et Washington, alors que se tient, ce vendredi dans la capitale américaine, une réunion ministérielle entre l'Afrique et les Etats-Unis sur le terrorisme, le commerce et la bonne gouvernance. Dix mois après le départ de Barack Obama de la Maison Blanche, assistons-nous à une nouvelle crispation dans les relations maroco-américaines ? Aujourd'hui à Pékin, le ministre des Affaires étrangères et la coopération internationale, Nasser Bourita, a eu des entretiens avec son homologue chinois, Wang Yi. Les deux chefs de la diplomatie ont signé un mémorandum d'entente portant sur l'adhésion du royaume à l'initiative de «Ceinture et la Route», lancée officiellement en mai dernier à Pékin en présence de 29 chefs d'Etat. Plus tôt, le ministre marocain a été reçu par le conseiller de l'Etat, Yang Jiechi, également membre du bureau politique du parti communiste, indique l'agence CRJ. Presque au même moment où le Maroc et la Chine renforçaient leur coopération, le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson présidait à Washington une rencontre ministérielle sur la sécurité, le commerce et la gouvernance en Afrique, en présence de plusieurs chefs de la diplomatie du continent. Le Maroc y prend part mais sans Bourita. Une absence et des interrogations Le président de la Commission de l'Union africaine, le Tchadien Moussa Faki, a fait le déplacement dans la capitale américaine pour participer à l'évènement. Il en est de même pour le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel. Celui-ci avait déjà co-présidé, avec Rex Tillerson, en avril, une session du dialogue stratégique entre les deux pays. L'absence de Nasser Bourita n'est pas sans soulever des interrogations sur l'état des relations entre les Etats-Unis et le «premier pays qui a reconnu son indépendance», selon la formule officielle consacrée par les médias officiels au royaume. Il avait pourtant assisté, fin mars alors qu'il était ministre délégué aux Affaires étrangères dans le gouvernement Benkirane II, à une réunion de moindre importance sur la coalition internationale engagée dans la guerre contre les troupes de Daesh. Nasser Bourita s'est bien rendu aux Etats-Unis dans le cadre d'une visite officielle, conclue par une entrevue avec Tillerson. Mais depuis, l'administration Trump n'a toujours pas nommé un nouvel ambassadeur à Rabat, un poste vacant depuis la fin de mission, en janvier, de Dwight Bush. En revanche, le président américain avait désigné en juin John P. Desrocher en tant qu'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire des Etats-Unis en Algérie. Sous Barack Obama, les relations entre le Maroc et les Etats-Unis avaient été secouées par deux graves crises en 2013 et 2016. En cause, les positions de la précédente administration sur la question du Sahara.