Plusieurs activistes des minorités religieuses ont annoncé la tenue, samedi 18 novembre à Rabat, d'un congrès national pour débattre de la situation de ces minorités au Maroc. Le thème abordé sera «Liberté de conscience et de croyance, entre polémique de la reconnaissance et recherche de coexistence». Pour en savoir plus, Yabiladi a contacté Jaouad El Hamidy, président du Comité marocain des minorités religieuses. Interview. Ne craignez-vous pas une interdiction de la tenue du congrès sur les minorités religieuses ? Dans les faits, une manifestation ou un sit-in, par exemple, peuvent être réprimés, même si légalement ils ne peuvent être interdits. En revanche, des gens qui se réunissent dans un établissement non étatique ne peuvent être empêchés de le faire. Bon nombre d'organismes qui se voyaient interdire la mise en place de leurs actions ont commencé à organiser leurs rencontres dans des institutions qui ne dépendent d'aucune autorité. C'est une manière d'éviter l'interdiction. Nous pensons qu'il serait difficile d'interdire ce congrès. Nous avons parcouru avec attention la lettre royale adressée au Forum des minorités religieuses de Marrakech, organisé par le ministère des Habous et des affaires islamiques. Dans ce document, il est écrit que le Maroc n'a aucun problème avec les minorités religieuses. En tant que Commandeur des croyants, le monarque déclare que l'islam n'a aucun souci avec les minorités religieuses. Cela prouve que les autorités tendent vers cette direction. Par ailleurs, à Rabat, une rencontre sur la même thématique s'est tenue récemment. Le débat au Maroc s'est ouvert sur la question. Je crois même que si nous avions organisé cette conférence dans un hôtel ou un lieu officiel, nous n'aurions eu aucun problème puisque les autorités tiennent le même discours que nous. Avez-vous établi des critères pour choisir les minorités religieuses qui vont intervenir lors de ce congrès ? Le nombre de représentants religieux qui vont assister à cette rencontre est significativement important. Les chrétiens marocains, les Ahmadis et les Baha'ies vont tous venir au congrès. Durant l'évènement, nous avons prévu de discuter des stéréotypes reliés aux minorités religieuses au Maroc pour mettre en lumière leurs demandes. Les chrétiens marocains, par exemple, veulent obtenir plusieurs droits : avoir leurs propres cimetières, utiliser des noms chrétiens, pouvoir décider que leurs enfants assistent ou non aux cours de religion islamique à l'école. Il existe des chrétiens marocains qui ont leur propre lieu de prière chez eux. En revanche, la police peut débarquer dans ces églises improvisées à n'importe quel moment, comme ça a été le cas en 2000, 2001, 2007 et 2008. Les Baha'ies vivent autre chose : leur religion est interdite dans le monde arabe. Ils croient au prophète Hadra Bahaa Allah, qui serait le successeur du prophète Mohammed. Cette croyance n'est pas du goût des musulmans qui croient dur comme fer que le prophète Mohammed est le dernier de tous les prophètes. Par conséquent, ils sont moins acceptés que les chrétiens et les juifs, dont la religion est citée dans le Coran. Tous ces problèmes vont être débattus durant le congrès. Nous pourrons recueillir divers points de vue émanant de différentes parties : les autorités, l'islam, les intellectuels, les juristes et les politiciens. Suite à cette conférence, nous allons œuvrer à mettre en place plusieurs recommandations, pour les proposer puis attendre leur application. Cette dernière sera appelée la «déclaration de Rabat». Quels sont vos projets ? Nous travaillons justement à mettre en place la «déclaration de Rabat». Nous allons ensuite œuvrer à créer un accord qui va rassembler toutes les minorités religieuses. Le comité est censé s'agrandir pour représenter d'autres minorités dans le royaume et travailler attentivement sur d'autres cas relatifs à la législation. Article modifié le 03/11/2017 à 21h08