Le Sahel échappe de plus en plus au contrôle de l'Algérie. Si le voisin de l'Est a accepté à contrecœur les présences militaires française et américaine, il refuse que le Maroc étende son influence dans la zone. Ce qui explique le lancement d'une opération visant à ressusciter la Coordination de Tamanrasset. Détails. Le 18 septembre su siège des Nations unies à New York, le chef de la diplomatie marocaine proposait de former les unités de la Force G5 au Sahel, parrainée par la France. Une main-tendue aux responsables de la région qui prenaient part à une réunion interministérielle placée sur le thème de «La sécurité et du développement dans une région francophone solidaire». Presque un mois après l'annonce de cette proposition, l'Algérie commence à réagir à la proposition du Maroc. Son ministre des Affaires étrangères effectue une tournée dans les Etats du Sahel, porteur d'un message d'Abdelaziz Bouteflika aux présidents de la Mauritanie, du Tchad, du Niger et du Mali. Abdelkader Messahel a fait, hier, une escale dans la capitale mauritanienne où il s'est réuni en tête-à-tête avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz. La situation au Sahel était au cœur des discussions entre les deux hommes. «Au niveau régional, les entretiens nous ont permis de passer en revue la situation dans la zone, surtout aux plans de la lutte contre le terrorisme, la drogue, le crime organisé et la migration clandestine. Il s'agit là de questions qui nécessitent davantage de coordination entre les pays de la zone», a-t-il indiqué dans des déclarations à l'agence de presse mauritanienne. Ressusciter la Coordination de Tamanrasset C'est justement cette coordination que l'Algérien est venu chercher au Tchad. Le ministre des Affaires étrangères a atterri hier à l'aéroport de N'Djamena. Sur son agenda figure une entrevue avec le président Idriss Déby. Messahel est attendu également à Niamey et à Bamako. La Mauritanie, le Tchad, le Niger et le Mali composaient, au côté de l'Algérie, le tour de table de la Coordination de Tamanrasset, lancée en automne 2009 par le voisin de l'Est pour lutter contre le terrorisme au Sahel et sans le soutien international. En envoyant son chef de la diplomatie, Alger ambitionne de ressusciter une instance en état de mort clinique depuis plusieurs années. L'initiative de la France de lancer le G5 a pour objectif de combler ce vide sécuritaire. Néanmoins, l'opérationnalisation de la force se heurte à des problèmes financiers, les contributeurs ne se bousculant pas pour aider les Etats du Sahel. Outre les ambitions du Maroc et la création de la Force G5, Alger doit s'accommoder avec la présence au Sahel d'unités de l'armée des Etats-Unis. La semaine dernière trois américains ont trouvé la mort au Niger lors d'une opération anti-terrorisme.