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Maroc : Vénérer Satan dans un pays musulman, un mythe ?
Publié dans Yabiladi le 18 - 07 - 2017

Apparu au Maroc au début des années 90, le satanisme reste encore très méconnu au royaume. Ses adeptes se retrouvent plus dans son courant philosophique que religieux. Leur devise ? «Fais ce que tu veux.»
Encore méconnu au Maroc, le satanisme reste tout de même en vogue ces dernières années. Souvent assimilé à la magie noire, également pratiquée dans les pays musulmans, le satanisme constitue un courant de pensée qui vénère Satan. L'évolution de ce courant religieux, né à l'époque médiévale dans l'église catholique, est flagrante. Et pour cause, le satanisme est aujourd'hui une philosophie plus qu'une religion ; un mode de vie plus qu'une croyance religieuse.
S'il évolue dans l'ombre, le satanisme a pourtant fait parler de lui à plusieurs reprises au Maroc, notamment à Meknès. En 2015, deux jeunes étudiants âgés de 20 et 21 ans avaient été arrêtés pour homicide volontaire. Un meurtre avec préméditation à la suite duquel ils avaient imaginé une mise en scène du cadavre, qu'ils avaient décapité, avant de déclencher un incendie sur les lieux du drame. L'enquête avait révélé que des «rituels sataniques» se cachaient derrière ce crime. En mars 2017, les mis en cause ont écopé en appel d'une peine de prison à perpétuité.
Dans un tout autre registre, l'histoire d'Amine Khairi n'est pas en reste. En 2015, ce jeune homme alors âgé de 26 ans souhaitait se marier et convoler avec une Allemande, relate le Monde Afrique. Le couple devait s'unir à Agadir, la ville natale d'Amine. Or, l'administration a refusé de célébrer ce mariage au motif qu'Amine serait un «adorateur de Satan».
Une place grandissante dans le monde
Historiquement, le satanisme prend ses racines dans le monde médiéval. C'est au Moyen-âge que ce courant prend forme avec l'église catholique. Il faudra attendre 1948 pour qu'émerge une version athéiste avec la naissance de la première religion officiellement sataniste, Our Lady of Endor Cover, dans l'Ohio aux Etats-Unis.
Il existe de ce fait deux courants satanistes : le satanisme théiste, dit «spirituel», religion d'antan qui vénérait les anciens anges déchus et leur chef incontesté, Satan. Le satanisme comprend également un courant plus attrait à une philosophie et à un mode de vie : le satanisme LaVey. Pensé par Anton LaVey, ce mouvement n'évoque pas Satan en tant que dieu, mais bien comme le symbole d'une nature humaine et d'individualisme ; c'est un satanisme athéiste.
Bible satanique d'Anton LaVey. / Ph. DR
Les données sur le nombre d'adeptes manquent, surtout au Maroc où le phénomène, récent, est arrivé de l'étranger. D'après la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), le nombre d'adeptes de la mouvance satanique, toutes branches et chapelles confondues, s'élevait à 25 000 en France en 2008. Il existait à l'échelle mondiale 50 000 sataniques en 1990, d'après un site regroupant plusieurs sources sur le satanisme, contre 100 000 aujourd'hui.
Ceci dit, le sociologue Olivier Bobineau, spécialiste de l'«anthropologie du don», estime que les données pour la France sont erronées. Et pour cause, nombreux sont les amalgames entre satanisme et musique métal.
L'amalgame entre satanisme et musique métal
Le courant tel qu'il est pratiqué au Maroc n'a rien de religieux et est arrivé à travers la propagation de la musique rock et métal. Joint par Yabiladi, le prêtre catholique et spécialiste de la musique métal, Robert Culat, confirme : «Dans mon enquête, j'ai sollicité les sondés sur leur rapport à la religion. Une petite minorité seulement, autour de 5%, s'est reconnue dans le satanisme. Il y a donc un rapport, certes, mais il reste très étroit.»
Dans son livre «L'âge du metal» (Camion Blanc, 2007), qui relate une longue enquête menée en 2000 auprès de 500 personnes adeptes du métal en France, Robert Culat explique que «le métal étant une musique très variée, le satanisme n'est pas présent dans tous ses genres, seulement dans le black metal, le métal noir. Noir parce qu'il traite de thèmes obscurs, ésotériques». Nicolas Walzer, docteur en sociologie, chercheur au laboratoire Oracle et enseignant, estime que «pour comprendre ces sujets fantasmés, il faut bien les différencier du metal gothic».
Dans ce sens, le sociologue Gérôme Guibert, dont les recherches portent essentiellement sur les scènes musicales, a écrit en 2006 une étude réalisée sous forme d'interviews intitulée «De l'international-metal au conflit sociétal local : la scène de Casablanca». Trois ans auparavant, une affaire avait défrayé la chronique judiciaire : celle des rockers satanistes de Casablanca. Le dossier présentait 14 hard rockeurs accusés de «satanisme», «actes pouvant ébranler la foi des musulmans», «mépris de la religion musulmane» et «détention d'objets contraires aux bonnes mœurs».
L'étude rapporte que les accusés avaient «dû réciter la Chahada devant le juge pour prouver [leur] croyance en Dieu. C'était le côté ubuesque de l'affaire». La scène sataniste casablancaise a émergé «au tournant du XXIe siècle (...), premier foyer de pratique métal au Maroc». «Vers 1993-1994, le métal devenait un phénomène de mode au Maroc (...) sans toutefois adhérer au mouvement dans sa globalité», écrit Gérôme Guibert.
Contacté par Yabiladi, Walid, Casablancais de 18 ans, ancien adepte du satanisme, s'est adonné à ces pratiques lorsqu'il a découvert le métal.
«Chaque membre de notre groupe y était de son plein gré. Nous nous sommes tous connus de fil en aiguille. Etant jeune, j'adorais la musique métal et le hard rock, du coup j'allais souvent dans les boutiques spécialisées pour m'approvisionner en produits liés à ma passion. C'est là que j'ai rencontré des personnes qui avaient la même passion que moi, puis le groupe s'est formé petit à petit. Notre groupe s'est formé en 2013, après un précédent groupe en 2003, dissolu, lui, par les autorités. Nous nous sommes tous séparés depuis 2015.»
Une philosophie de vie
Pour en revenir au satanisme lui-même, Robert Culat souligne qu'il s'agit là d'un mouvement «très complexe» : «Lorsqu'on parle de satanisme, ça n'a rien à voir avec l'image qu'on en avait au Moyen-âge. C'est aujourd'hui très différent. Le problème, c'est que les groupes qui parlent de Satan en ont une vision personnelle qui ne correspond pas forcément à celle de l'église catholique ou du christianisme.»
L'homme d'église explique d'ailleurs que le satanisme d'antan n'est pas le satanisme actuel : «Il n'a rien à voir avec la figure de Satan tel que le christianisme la conçoit. Satan n'est que l'image d'un refus de suivre les règles morales. En gros, je décide moi même ce qui est bon ou pas. Il n'y a pas de dieu ; c'est moi-même qui décide. Quelque part, c'est ça le satanisme contemporain.»
«Le satanisme est une philosophie plus qu'une religion ou une croyance. (...) Leur devise n'est pas très compliquée: 'fais ce que tu veux'. C'est du satanisme d'opérette; on n'a pas besoin d'être satanique pour adhérer à ce genre de philosophie de comptoir.»
Dans la pratique, Walid relate : «Nous avions des rituels spécifiques et des tenues vestimentaires assez spéciales, ça sortait des sentiers battus. On se réunissait chaque samedi, le plus souvent pour boire de l'alcool. Il y avait parmi nous un leader qui possédait une bible satanique pour nous apprendre à faire les rituels. La première chose que j'ai faite lorsque je me suis lancé dans le monde de la magie a été de nouer un pacte avec Satan.» Pendant leurs soirées, l'heure était à la «vénération des morts». «Nous n'avions pas de prières en particulier. Notre seule fête, c'était Halloween.»
Exemple de rituels sataniques. / Ph. DR
«Je suis resté près de quatre ans dans cet engrenage, de 2012 à 2016. C'était une période difficile pour moi ; mes parents étaient divorcés, chacun vivait dans son coin… Personne ne faisait attention à moi», se souvient-t-il. La recherche identitaire est en effet l'un des facteurs qui favorisent cette dérive sectaire.
«J'étais le plus jeune du groupe, ils étaient tous plus vieux que moi», affirme Walid. En France, parmi les 25 000 adeptes, 80% sont âgés de moins de 21 ans. De jeunes adultes plus que des adolescents, relève Robert Culat : «La moyenne d'âge du public metal français est de 22 ans (...) Ce n'est pas l'image que l'on a ; ce sont des jeunes adultes, plus des adolescents.»


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