Un capitaine de la police française aux frontières (PAF) serait soupçonné d'avoir transmis en sous-main des informations confidentielles aux services secrets marocains, rapporte ce jeudi le journal Libération. En poste à l'aéroport parisien d'Orly, le policier serait mis en examen notamment pour corruption, «mais l'enquête n'en est qu'à ses débuts», commente le journal français. Citant «de multiples sources qui ont accepté de s'exprimer de façon anonyme, vu la sensibilité de l'affaire», la même source affirme que le prévenu est soupçonné d'être derrière un «trafic inédit de fiches S à destination du Maroc». «Les enquêteurs (…) soupçonnent le policier, proche de la retraite, d'avoir transmis, lors des trois dernières années, des informations classées 'confidentiel défense' aux agents du Royaume chérifien.» Toujours selon les enquêteurs, des écoutes téléphoniques diligentées par la juge d'instruction, ont révélé les noms de plusieurs agents des services marocains, qui «ont pu être identifiés». «Lorsque des personnes fichées S étaient signalées à l'entrée du territoire français, le policier rédigeait des rapports destinés à sa hiérarchie. Ce sont ces mêmes rapports que le capitaine de la PAF faisait passer au responsable» d'une société, qui les transmettait ensuite aux agents marocains, poursuit Libération. L'enquête aurait aussi permis de découvrir plusieurs voyages du capitaine de la PAF au Maroc, «tous frais payés, et qui pourraient être la contrepartie des informations livrées». «La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), embarrassée par la perspective d'enquêter sur une potentielle affaire d'espionnage impliquant ses homologues marocains, a refusé de prendre en charge les investigations, pour ne pas risquer de se fâcher avec un partenaire dans la lutte contre le terrorisme», conclut le journal français.