Le mouvement de contestation à Al Hoceima a pu enfin se frayer un chemin à la Chambre des représentants. Le gouvernement a présenté sa version des faits. Après une semaine d'attente, le gouvernement a finalement répondu aux questions des députés sur les protestations que connait Al Hoceima et sa région. Ce mardi, le ministre de l'Intérieur a présenté un exposé sur la situation qui prévaut dans la capitale du Rif. Abdelouafi Laftit s'est engagé à réaliser tous les projets entrant dans le cadre du programme «Al Hoceima, ville phare de la Méditerranée 2015-2019» tout en reconnaissant que le lancement a accusé du retard. Le ministre a réitéré la volonté du gouvernement El Othmani à répondre aux revendications socio-économiques des habitants, rappelant les visites effectuées par une délégation ministérielle pour s'enquérir sur le terrain de l'état d'avancement des projets. Laftit défend la gestion du gouvernement du dossier Abdelouafi Laftit a réaffirmé la détermination de l'exécutif au dialogue. Cependant, il a déploré que certaines personnes aient décliné l'offre gouvernementale, préférant présenter des exigences impossibles à concrétiser. Il cite notamment l'exemple de l'abrogation du Dahir de la militarisation d'Al Hoceima arguant que «ce Dahir n'existe plus». Le ministre de l'Intérieur a, par ailleurs, assuré que le développement et la préservation de la sécurité tout comme la protection des biens publics et privés vont de pair pour le gouvernement. Le ministre a rappelé que «durant sept mois, les protestations se sont exprimées en toute liberté et aucune interpellation n'a été effectuée». Et de rappeler que la première arrestation s'est produite suite à l'irruption de Nasser Zefzafi dans une mosquée. Laftit répond ainsi aux voix ayant reproché le gouvernement le fait d'avoir privilégié l'approche sécuritaire. Le ministre de l'Intérieur a conclu son intervention par saluer les rôles des partis politiques dans l'encadrement des citoyens. Le PJD et le PI vent debout contre l'accusation du «Hirak» de «servir un agenda de l'étranger» Tous les groupes de députés ont appuyé les revendications légitimes des habitants d'Al Hoceima. Le président du groupe istaqlalien, Mohamed Modiane a regretté les accusations portées à l'encontre des membres de la «Mobilisation» de servir un agenda étranger. «Le Hirak en est innocent», a-t-il martelé. Pour lui, le mouvement de contestation est «le cumul» de problèmes socio-économiques. L'Istiqlalien n'a pas laissé l'occasion passer sans répondre au ministre de l'Intérieur sur le rôle des partis et dénoncer la politique suivie depuis quelques années au Rif. Modiane a fustigé la campagne portant atteinte aux partis traditionnels et ayant un ancrage territorial dans la région. Et de pointer du doigt la formation d'instances élues qui «ne représentent pas les habitants». Le président du groupe parlementaire de la Balance a appelé «à réviser cette politique et mettre un terme à la dépréciation des rôles des partis». Presque sur la même longueur d'onde, le président du groupe des députés du PJD a appelé «au respect de la volonté populaire». Driss El Azami a également annoncé le rejet de sa formation des accusations aux membres du Hirak de «servir un agenda étranger». Le PJDiste a appelé au respect de la Constitution de la part de tous les intervenants : forces de l'ordre et manifestants. Et de dénoncer le recours à des «Baltajias», groupes d'individus qui agressent les participants à des protestations et à des sit-in de solidarité avec les revendications des habitants d'Al Hoceima. «Nous sommes tous des jeunes royalistes», a crié l'actuel maire de Fès.