Ministres, chefs de groupes parlementaires et élus d'Al Hoceima se sont retrouvés lundi dernier autour d'une même table. L'objectif était d' «ouvrir un débat constructif et sincère et de partager les points de vue afin de désamorcer la crise à Al Hoceima», comme l'a souligné le chef du gouvernement. Saad Eddine El Othmanine pouvait rater cette occasion pour appeler les élus à laisser de côté les sensibilités politiques afin d'accélérer l'exécution du programme de développement de la province d'Al Hoceima. Un clin d'œil au président de la région, également présent à cette rencontre, qui avait la veille imputé la responsabilité de la dégradation du climat social à Al Hoceima au gouvernement précédent. Peu importe, la situation est telle qu'il faut « renforcer les rangs pour répondre aux revendications des habitants de la ville d'Al Hoceima», estime El Othmani. Il faut dire que le chef du gouvernement n'avait d'autre choix que d'adopter cette approche participative dans la mesure où cette réunion fait suite à des instructions royales. Le but étant de «répondre aux revendications locales dans la limite des ressources disponibles», dit-il. En face, le Hirak du Rif est appelé à «respecter la loi, les constantes nationales, et les biens publics et privés ». De son côté, le gouvernement s'est engagé à augmenter les recrutements dans la région pour qu'ils atteignent 900 postes. Pour le ministre de l'Education nationale, cela permettra à la fois de résoudre le problème de surcharge des classes tout en offrant aux diplômés chômeurs des opportunités d'emploi. D'autres départements se sont également engagés à recruter dans la région. Rappelons d'ailleurs que plusieurs annonces ont été publiés dans ce sens sur le portail de recrutement «emploi-public.ma» au lendemain de la visite d'une délégation gouvernementale à Al Hoceima. La bonne nouvelle n'aura pas duré longtemps puisque tous les concours prévus ont été reportés. Quant aux arrestations des activistes du mouvement de protestation, les participants à réunion ont été unanimes à souligner la nécessité de respecter la présomption d'innocence des mis en cause et leur garantir un procès équitable. «Autant de droits que l'Etat a respecté », affirme le ministre de l'Intérieur. Abdelouafi Laftit, qui répondait hier mardi à des questions orales des députés sur la situation dans la province d'Al Hoceima, a affirmé que le droit de manifester a été respecté. Idem pour la présomption d'innocence. Et contrairement aux rumeurs qui circulent, «les mis en cause ont été transférées à des prisons connus de tous», insiste Laftit. Le chef du groupe parlementaire de l'Istiqlal à la Chambre des représentants, Nourredine Mediane, ne voit pas les choses du même œil. Pour lui, il faut immédiatement libérer les accusés avant de lancer tout dialogue pour trouver des solutions à la situation. Mais le ministre de l'Intérieur est catégorique : «nul n'est au-dessus de la loi», lance-t-il.