«Je pourrais réunir mes cousins et partir là-bas (au Rif, ndlr) pour te mutiler.» Ces propos sont signés Mamoun Dribi, co-animateur d'une émission diffusée sur les ondes d'une radio marocaine la semaine dernière. Une «menace de mort» dénoncée aujourd'hui par les ONG, les parlementaires et d'autres citoyens qui appellent à une intervention de la HACA ou du parquet général. Les Marocains restent divisés à propos de la «Mobilisation» dans le Rif, entre ceux qui soutiennent la contestation à Al Hoceima et sa région, et les autres qui ne se privent pas de tirer à boulets rouges sur les leaders d'Al Hirak. Mamoun Dribi, co-animateur d'une émission sur les ondes de Med Radio, présenté par la station casablancaise comme spécialiste en psychanalyse, est un Rifain se rattachant plus à la deuxième catégorie. Preuve en est de sa sortie médiatique de la semaine dernière. De quoi mobiliser plusieurs internautes et des ONG qui appellent à l'intervention de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) et encouragent à poursuivre en justice le co-animateur de «Bi Saraha» (En toute vérité). Menaces de mort et incitation à la violence Ce mercredi, Mountada Al Karama, une association proche du Parti de la justice et du développement (PJD) dirigée par Abdelali Hamieddine, a annoncé sa disposition à assister toute personne s'estimant lésée par les propos du spécialiste en psychanalyse et souhaitant ester en justice. Son président affirme aussi, dans une déclaration accordée à Alyaoum 24, que les propos tenus par le co-animateur sont une incitation directe à la violence. «Nous suivons avec beaucoup de préoccupation les menaces de mort et l'incitation à la violence tenue par Mamoun Dribi, dont l'émission diffusée sur Med Radio est suivie par des dizaines de milliers de citoyens. Nous assurerons le soutien aux familles lésées par ces propos ou les contestataires dans le Rif à travers une aide juridique pour porter plainte contre Dribi.» Pour Abdelali Hamieddine, les déclarations du co-animateur portent atteinte aux personnes manifestant à Al Hoceima et particulièrement à Nasser Zefzafi, figure de proue d'Al Hirak. Sur les réseaux sociaux, plusieurs Marocains ont condamné les propos tenus lors de l'émission de Med Radio. Certains, à l'instar du socio-anthropologue Ayad Ablal, ont même exhorté le parquet général à intervenir d'urgence pour incitation à la violence, menaces de mort et diffamation à l'égard des Rifains. Saisir la HACA pour «protéger les auditeurs contre les charlatans» De leur côté, les parlementaires semblent mobilisés pour convoquer le ministre de la Culture et de la communication au Parlement. Après les images trompeuses diffusées sur Al Oula et Médi 1 TV, le rétropédalage de Mamoun Dribi a fait l'objet d'une question adressée par la députée parlementaire Amina Maelainine à Mohamed Laaraj. L'élue du PJD n'écarte pas non plus un éventuel recours à la HACA afin de «protéger les auditeurs contre les charlatans». La semaine dernière sur les ondes de la radio casablancaise, Mamoun Dribi s'est attaqué de manière très virulente aux manifestants du Rif. «Ceux qui sont mobilisés aujourd'hui n'ont jamais eu d'ancêtres parmi les martyrs. Je les défie de prouver le contraire», a-t-il dit avant de s'adresser directement à Nasser Zefzafi. «Tu n'es pas un Rifain. Ce sont nous les vrais Rifains et nous ne te permettons pas de nous présenter.» Le spécialiste en psychanalyse a ensuite proféré des menaces : «Je pourrais réunir mes cousins et partir là-bas (au Rif, ndlr) pour te mutiler.» Des propos qui en disent long sur l'anarchie régnante sur les ondes des stations privées face à la passivité de la HACA s'agissant de plusieurs émissions qui échappent, visiblement, à tout contrôle...