L'histoire de la ville d'Essaouira, avec ses remparts et ses fortifications portugaises et son patrimoine judéo-musulman était à l'honneur lors d'un article paru dans le numéro de la semaine dernière de l'hebdomadaire londonien The Jewish Chnronicale (The JC). Un récit à travers le regard du Marocain Joseph Sebag. Détails. Dans son numéro de la semaine dernière, l'hebdomadaire londonien The Jewish Chronicale (The JC) a consacré un article à l'histoire juive de la ville d'Essaouira. Il raconte raconte l'histoire de la ville à travers Joseph Sebag, Marocain d'origine juive. Ville marocaine historique, visités par les surfeurs et les touristes enchantés par son atmosphère décontractée, peu d'entre eux savent qu'Essaouira était autrefois juive, constituée d'une communauté riche et cosmopolite, indique le journal avant de dresser le portrait de Joseph Sebag. Cet autoproclamé «dernier juif d'Essaouira», est propriétaire d'une boutique où il vend des bijoux berbères aux côtés des masques africains et antiquités françaises. «Sa famille a vécu à Mogador pendant plus de 250 ans alors que sa maman, âgée de 88 ans, peut encore conter les histoires de toutes les maisons juives» de la ville, poursuit le média. «Joseph Sebag, un juif laïc à l'extérieur mais orthodoxe à l'intérieur, reçoit des visiteurs dans sa boutique qui était autrefois le bureau à partir duquel son père dirigeait une entreprise d'assurance maritime», décrit The JC. Pour Joseph Sebag, le royaume a toujours été «une maison accueillante» Sa mère serait issue d'une descendance juive berbère et son père était un juif sépharade d'Espagne. Après sept ans vécus aux Etats-Unis et au Canada, où il vendait des pièces d'ordinateur, Joseph Sebag n'a pas tardé à rentrer dans sa ville natale, pour sa famille, ses amis et surtout sa ville. «Mes amis, ma famille et mes racines sont ici et je n'ai jamais regretté de revenir. Je me sens en sécurité au Maroc.» The Jewish Chronicale passe à l'histoire des juifs de Mogador. «Les juifs d'Essaouira l'avaient surtout quitté vers la fin des années 1940 et 1950 pour aller principalement en Israël, mais aussi en France, aux Etats-Unis et au Canada mais Joseph Sebag pense qu'ils devaient rester», note le média britannique. Pour ce Marocain, le royaume a toujours été «une maison accueillante» et c'est «certainement» le seul endroit où il veut vivre. Joseph Sebag. / Ph. The JC Mogador, ce symbole de tolérance depuis le 18ème siècle Dans l'article, on raconte aussi la discussion entre feu le roi Mohammed V et le général français Vinchy, lorsque ce dernier demanda au souverain, durant la Seconde guerre mondiale, combien de juifs vivaient au Maroc. «Je n'ai pas de juifs mais que des Marocains», avait rétorqué le monarque alaouite. L'occasion aussi de rappeler qu'Essaouira a longtemps été un symbole de tolérance, depuis sa création par le sultan Mohammed Ben Abdallah au 18ème siècle à côté d'un rempart portugais et l'installation d'une poignée de familles commerciales juives. Dernier arrêt pour les navires transsahariens portant des épices, Mogador, avec Tanger, était devenu le seul port du Maroc ouvert au commerce européen et avait prospéré pendant plus de 150 ans. Toujours selon The JC, les musulmans, les juifs et les chrétiens y travaillaient confortablement côte à côte. Les familles juives les plus riches vivaient dans les grandes maisons de la Kasbah, tandis que les juifs les plus pauvres vivaient dans le quartier juif appelé le Mellah. Pendant un certain temps, les Juifs dépassaient en nombre les musulmans : dans le plus ancien des deux cimetières juifs à proximité de l'océan, les tombes témoignent de plusieurs générations juives dans la ville. Un cimetière juif à Essaouira. / Ph. DR Le média londonien met aussi en exergue la rénovation récente de trois synagogues de la ville, qui témoigne d'un intérêt renouvelé pour le passé juif de Mogador. «Les descendants des anciens résidents juifs font encore des voyages nostalgiques pour découvrir les traces de leurs racines ancestrales, alors que tous les pèlerins du monde entier s'y rendent en septembre pour un hommage au légendaire rabbin Chaim Pinto qui est enterré à Mogador», conclut le média.