Qualifiée de moment historique pour la gouvernance d'internet dans le monde, la 55ème réunion mondiale de l'ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) se tient actuellement au Maroc. La manifestation doit réunir plus de 2 000 experts et décideurs de la toile et pas moins d'une centaine de délégations représentant les différends pays du monde. 55ème réunion de l'ICANN / photo YABILADI Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérque / Photo YABILADI Président de l'ICANN Fadi Chehadé / Photo YABILADI L'affiche de l'événement ICANN 55 / Photo YABILADI 55ème réunion de l'ICANN / photo YABILADI Dépendant auparavant des Etats Unis, l'ICANN va enfin pouvoir voler de ses propres ailes. La grande organisation chargée de la gestion des noms de domaine sur internet entame la dernière phase de sa mutation profonde lors de sa 55ème réunion mondiale qui se tient du 5 au 10 mars à Marrakech. L'ICANN est sur le point de devenir une organisation indépendante et multilatérale pour prendre en compte toutes les communautés d'intérêt autour de la gouvernance de l'internet dans le monde. Les participants qualifient la réunion d'historique. Plus de 30 ministres venus des quatre coins de la planète prennent part à cette réunion. Un certain nombre de décisions extrêmement importantes vont être prises durant ces cinq jours. Le ministre marocain de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique, Moulay Hafid Elalamy a déclaré que «c'est une rencontre qui a connue un succès inattendu». «Une telle initiative représente, sans doute, une ouverture qui devrait améliorer d'avantage la capacité de l'ICANN à prendre en compte les préoccupations légitimes des gouvernements», a-t-il expliqué ajoutant que cela devrait «garantir une gestion commune des ressources dans le sens du respect de la diversité culturelle et linguistique et de l'équilibre des intérêts et des attentes, en particulier». Le directeur de l'Agence National de Réglementation des Télécommunications (ANRT), Azdine El Mountassir Billah a tenu à préciser qu'il s'agit là d'«un événement majeur». Il a expliqué que l'ANRT était honoré d'être l'hôte de la réunion «de l'une des plus grandes organisations qui gèrent internet». «Nos espoirs sont également grands pour que l'Afrique soit davantage impliquée dans ce processus, pour qu'elle puisse jouer de nouveaux rôles au sein de l'ICANN», a-t-il ajouté par la suite. Une réunion historique pour l'ICANN et une transition cruciale pour le Maroc Le Royaume est sur le point de lancer sa nouvelle stratégie digitale 2020. Celle-ci vise le développement de l'économie numérique dont bien évidement la gouvernance d'internet. Cette rencontre autour de la gouvernance mondiale d'internet a été l'occasion pour les autorités marocaines d'en dévoiler les grandes lignes. Moulay Hafid Elalamy a ainsi précisé que son département était «en train de finaliser avec nos partenaires une nouvelle stratégie qui s'articule autour de plusieurs axes». Tout d'abord le Maroc souhaite «accélérer sa transformation numérique et renforcer de manière volontariste la place du Maroc comme hub numérique régional». Pour cela le ministre précise qu'il faudra «enlever les freins éco systémiques en s'attaquant en particulier à la problématique de la gouvernance et des compétences numériques». Dans le même sens, le directeur de l'ANRT pense qu'«internet est un espace de liberté et pour qu'il le reste, il faut qu'il y ait une bonne gouvernance qui implique toutes les parties prenantes». Ces mots résonnent fort dans le contexte particulier du blocage des applications VOIP au Maroc. Interpellé sur la question, Azdine El Mountassir Billah a préféré botter en touche. «Je ne suis pas là avec ma casquette de régulateur de télécommunications, je suis là en tant que gestionnaire de noms de domaine. Ce sujet sera traité dans un autre cas», nous a-t-il déclaré.