Le Maroc continue son offensive sur le terrain religieux. Après avoir lancé un centre de formation international d'imams où sont accueillis des religieux en provenance de pays africains et européens, c'est aujourd'hui aux relations interreligieuses que le royaume s'attaque. La Rabita Mohammedia des oulémas de Rabat abrite depuis mercredi dernier, un Centre de recherches et de formation en relations interreligieuses, rapporte le site du journal La Croix. Le rôle de ce nouveau centre est de contribuer à la diffusion d'un savoir documenté concernant les religions, d'investir le champ de la formation intra- et interreligieuse. Dans ses prérogatives également promouvoir l'éducation à la diversité mais aussi encourager l'émergence de projets collaboratifs entre diverses confessions au sein de la société civile. Dans les premiers projets de ce centre, l'écologie. Le Centre de recherches et de formation en relations interreligieuses compte organiser en marge de la COP22 à Marrakech, le «Sommet des consciences». «L'écologie est bien un domaine nous avons tout à faire ensemble, où il faut construire une réflexion commune en transcendant les particularismes», estime la directrice du centre. La direction de ce centre a été confiée à la chercheuse Belgo-Marocaine, Aïcha Haddou qui promet déjà que l'institution sera un carrefour de pensées sur les religions. «Il aurait été plus facile d'imaginer un centre d'études comparées des religions, faisant appel à des chercheurs musulmans», raconte la chercheuse a la Croix. «Nous avons à l'inverse voulu créer un lieu où coopèrent des spécialistes de toutes les religions. Parce qu'aujourd'hui, nous devons travailler ensemble, non pas pour unifier nos visions mais pour en faire émerger quelque chose de commun, et identifier ce qui, dans nos différentes conceptions, peut entraver la compréhension mutuelle». Le centre vient rejoindre les efforts de la Rabita qui abrite depuis septembre, une plate-forme numérique pour promouvoir «la modération et la tolérance».Et le roi Mohammed VI, dans son message adressé aux participants de la conférence sur les minorités religieuses avait affirmé la nécessité d'une «coopération entre les adeptes de toutes les religions» face aux «crises qui menacent l'humanité». Un thème repris à son compte par le centre. «La reconnaissance mutuelle implique de la part de chacun un réel décentrage par rapport à ses propres traditions. Dialoguer, c'est oser le courage de la rencontre et de la transformation», philosophe Aïcha Haddou.