Mohamed Ouzzine, Abdelkader Amara, Habib Choubani, Soumaia Benkhaldoune, Charafat Afilal et Hakima El Hiti, voilà des ministres qui auront marqué l'année 2015 de leur empreinte. Mais si leur nom figure dans ce palmarès, ce n'est pas pour leur action gouvernementale mais à cause de leurs couacs. Nombreux sont les ministres qui ont alimenté -ou qui continue à alimenter- la polémique en 2015. Certains ont même dû quitter le gouvernement par la petite porte alors que les plus chanceux ont vu leurs fauteuils fortement vaciller. Mais s'ils ont échappé à la colère royale, les Marocains ne les ont pas ratés sur les réseaux sociaux. Le scandale de la «raclette» L'année a commencé par les suites du scandale de la «raclette» de Mohamed Ouzzine, membre du Mouvement populaire. Alors que le Maroc accueillait, fin décembre 2014, un deuxième mondial des clubs consécutif, de fortes précipitations de quelques minutes avaient suffi pour remettre en question les mois de «rénovation» du complexe sportif Moulay Abdellah. Des millions de dirhams étaient partis en fumée au vu et au su des médias du monde entier. La suite est connue. Mohammed VI est intervenu, sommant dans un premier temps l'ex-ministre de ne plus assister à la suite de la compétition et le 7 janvier 2015 un communiqué du cabinet royal annonçait le limogeage d'Ouzzine. La douche et le lit dans le bureau d'Amara Trois mois plus tard, c'était au tour du ministre de l'Energie et des Mines, Abdelkader Amara, d'être au cœur d'une polémique. Tout a commencé par la publication par un média proche de Hamid Chabat, photos à l'appui, d'une nouvelle accusant le PJDiste d'avoir équipé son bureau d'une chambre à coucher et d'une salle de bain. Le site a bien entendu gonflé les chiffres accompagnant ces deux accusations mais l'information a fait le buzz. Après trois jours de silence, Amara a finalement expliqué ces acquisitions par le nombre d'heures qu'il passait au bureau. Il y restait parfois «jusqu'à 21 heures», selon ses dires. Selon lui, dans ces conditions il a besoin d'un lit pour faire «un petit somme l'après-midi». Amara a quand même pu sauver son poste. Une issue qu'il doit en grande partie à l'affaire du «couple» qui est venu éclipser la sienne. L'amour au gouvernement Parallèlement à la salle de bain et la chambre à coucher d'Amara, un média proche du PJD, révélait une histoire d'amour entre deux ministres du gouvernement. Les regards se sont alors très vite tournés vers Habib Choubani et Soumaia Benkhaldoune. Le «couple» n'a pas caché son projet de mariage mais espérait le sceller après la fin du mandat du gouvernement en automne 2016. Comme avec Ouzzine, Benkirane a essayé de défendre son «frère» et sa «sœur» mais a finalement été contraint de capituler. Le 20 mai le couperet tombe, Choubani et Benkhaldoune quittent le gouvernement. La ministre et les «pensions de deux francs» Le mois de décembre ne semble visiblement pas porter chance aux ministres de Benkirane. Le 15 de ce mois, la ministre déléguée chargée de l'Eau, Charafat Afilal, a commis un écart de language lors d'une émission de débat sur Al Aoula. Voulant riposter aux campagnes dénonçant les retraites des parlementaires, elle a déclaré que «8000 dirhams est une pension de deux francs». La ministre a déclenché une levée de bouclier sur les réseaux sociaux, contraignant la militante du PPS à présenter des excuses mais sans parvenir à contenir la colère des Marocains. La polémique continue encore aujourd'hui et Charafat Afilal a choisi d'adopter un profil bas pour laisser la tempête passer. La ministre «superwoman» Dix jours après le dérapage de Mme Afilal, c'était autour de Hakima El Haite, ministre délégué chargée de l'Environnement, de commettre une bourde lors d'une émission de débat politique diffusée jeudi 24 décembre par Medi1 TV. Mme El Haite avait déclaré qu'elle travaillait «22 heures par jour». Là aussi, les Marocains ont vite réagi à ces déclarations. Aujourd'hui, Mme El Haite explique que durant la COP21, elle était engagée dans le sommet «22 heures par jour». Ainsi la ministre du Mouvement populaire aurait fait mieux que le président de la COP21, le français Laurent Fabius. Au lendemain du limogeage de Habib Choubani et Soumaia Benkhaldoune, le chef du gouvernement avait appelé ses ministres à «l'extrême prudence à n'importe quel moment et n'importe où» durant l'exercice de leurs fonctions surtout en cette phase de démocratisation «marquée par le poids et l'influence de l'opinion publique». Il semble que certains n'ont pas été très attentifs.