Abdelhamid Abaoud pourrait-il être enterré au Maroc? La question se pose avec acuité puisque des proches du commanditaire présumé des attentats de Paris auraient émis le souhait de l'inhumer au Maroc. Mais la question est délicate. En Belgique, où le corps n'est même pas encore arrivé, les autorités se renvoient la prise de décision finale. Devant cette réticence, l'option de l'inhumation au Maroc se profile. Mais les autorités du royaume consentiront-elles à recevoir la dépouille sur le sol marocain ? Depuis la mort d'Abdelhamid Abaoud dans l'assaut des hommes du Raid dans un appartement de Saint-Denis, son corps se trouve au centre médico-légal pour autopsie. A la fin de cette dernière, se posera l'épineuse question de son lieu d'inhumation. Mais dans le cas du commanditaire présumé des attaques meurtrières de Paris comme dans le cas d'autres terroristes morts, «il est même rare que le corps soit réclamé […] Aucune glorification de la part de leur famille ou de leur communauté ne fait généralement suite à leur acte, ni de la part de leur Etat d'origine. C'est surtout le silence, le secret ou la censure qui règnent», précise au quotidien français Le Monde, la sociologue Riva Kastoryano. Mais le site La Libre repris par la Dernière Heure, assure que le père d'Abdelhamid Abaoud n'ayant pas réclamé la dépouille de son fils, des proches ont émis le souhait de l'enterrer au Maroc. Ce sera sans doute dans la région du Souss d'où est originaire son père qu'Abaoud reposerait si les autorités marocaines consentaient à accorder leur aval. La France et la Belgique craignent que le lieu d'inhumation puisse servir de lieu de pèlerinage islamiste et espèrent sans doute laisser le Maroc s'occuper de cette question délicate. Mais le royaume peut choisir de refuser comme l'a fait l'Algérie pour le cas de Mohamed Merah en invoquant des raisons d'ordre public. En cas de refus des autorités marocaines, la Belgique n'aura pas d'échappatoire. L'inhumation en Belgique crée la polémique alors que la dépouille est toujours en France Là aussi, les autorités locales se renvoient la décision finale alors même que la dépouille est encore en France. A Molenbeek où résidait la famille, la commune ne dispose pas de parcelle musulmane, le corps d'Abaoud ne peut donc pas être enterré sur place. La solution serait donc de l'enterrer dans le cimetière multiconfessionnel de Schaerbeek. «Nous pourrions recevoir ce corps un de ces jours mais sans qu'on ne nous le présente comme terroriste. Je disposerais juste d'un nom», précise le directeur du cimetière. «Ce n'est pas Ben Laden, on ne peut pas le mettre à la mer. Même les pires crapules ont droit à une tombe. Et les familles qui souhaitent rendre hommage à un défunt ne peuvent être pénalisées. Si cela devait se confirmer, je demanderais un rapport à la police. Si des motifs de sécurité étaient signalés, comme des troubles potentiels, je prendrais les décisions qui s'imposent. Mais, dans un premier temps, ce sera aux administrateurs du cimetière d'accepter ou de refuser ce corps», répond le bourgmestre de Schaerbeek, Bernard Clerfayt qui renvoie le dossier aux administrateurs du cimetière. «Les administrateurs ne se positionnent pas par rapport à cela. On demanderait plutôt l'avis des 11 communes que notre intercommunale associe» estime le président du collège du cimetière. Une autre solution serait tout simplement d'enterrer Abdelhamid Abaoud en France. En effet, l'article L2223-3 du code général des collectivités territoriales permet d'enterrer une personne dans la commune de son lieu de décès. Mais généralement les maires des villes où sont nés ou ont résidé ces terroristes sont le plus souvent réticents à voir les dépouilles inhumées dans leur commune. Au Maroc, où des proches d'Abdelhamid Abaoud n'ont pas encore introduit de demande officielle d'inhumation, la question suscitera sans doute, un débat aussi houleux.