Après quarante ans de tension, l'Algérie est-elle entrain de réviser sa politique à l'égard du Maroc ? Les nouvelles en provenance du voisin de l'Est donnent du crédit à cette hypothèse. Le secrétaire général du FLN Amar Saïdani, un proche de Said Bouteflika, a été d'ailleurs mandaté pour le communiquer à la classe politique de son pays. Le passage du secrétaire général du FLN sur la chaine Annahar TV a créé la surprise. Contrairement à son habitude, Amar Saïdani est resté très mesuré et très calme lorsqu'il a abordé le discours du roi Mohammed VI du 6 novembre, choisissant ses mots avec soin. «L'escalade n'est ni dans l'intérêt du Maroc ni de l'Algérie», a-t-il affirmé sur un ton très modéré. Sur la question du Sahara occidental, il a appelé à un «réexamen» de la question mais sans s'étaler sur le sujet, arguant qu'il «ne souhaite pas causer de problèmes, mais un jour viendra où [il] dira ce que je pense du Sahara occidental». Le journaliste l'interrompt alors pour lui demander mais «quand ?». «Pas maintenant. Mon avis ne plaira pas à tout le monde et je ne souhaite pas causer de problème», réplique Saïdani ajoutant que «si [il] parle, [il] risque de provoquer des manifestations dans les rues algériennes». Et de préciser que «c'est l'Algérie qui [l]'intéresse en premier lieu». Le SG du FLN a par ailleurs choqué le journaliste quand il a refusé de commenter la réaction du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, au discours royal de la Marche verte. Des positions surprenantes qui ont provoqué l'ire du Polisario à Tindouf. Le député du "Parlement" de la "RASD", Taki Moulay Brahim a ainsi réclamé une intervention de Abdelaziz Bouteflika pour contredire et sanctionner Amar Saïdani. Pour ce membre du Polisario, le SG du FLN a "dépassé les lignes rouges" sur la question du Sahara occidental. La voix de son mentor Pourtant Amar Saïdani n'est pas un électron libre au sein du FLN. Il est considéré comme le relais médiatique des positions de son mentor Said Bouteflika. Un rôle qu'il assume avec engagement. Son «élection» en août 2013 à la tête du Front de libération national répondait au projet préparé par le frère du président. Ce dernier voulant se débarrasser progressivement de ses adversaires dans les rangs de l'armée susceptibles d'entraver la succession annoncée. Amar Saïdani fut d'ailleurs le premier à réclamer publiquement la démission du général Toufik, en février 2014. Cette sortie a constitué le lancement des hostilité contre l'ex-patron du DRS, qui s'est conclue par sa mise à la retraite via décret présidentiel en septembre 2015. Dans le cas du Maroc, le SG du FLN serait porteur d'un message destiné avant tout à la classe politique algérienne, annonçant un possible changement de la position du pouvoir sur le dossier du Sahara occidental. Les prochains mois pourraient apporter des éclaircissements sur le sujet. Mais une chose est sûre, Saïdani n'est pas du genre à exprimer ses positions personnelles dans les JT. Autre fait troublant, le passage du secrétaire général du FLN sur la chaîne Annahar TV intervient alors que des informations faisaient état d'une médiation entre le Maroc et l'Algérie, confiée à Lakhdar Ibrahimi. L'ancien diplomate était d'ailleurs à Rabat à l'occasion de la commémoration du 50ème anniversaire de l'enlèvement de Mehdi Ben Barka, organisé le 30 octobre à Rabat par Abderrahmane El Youssoufi. Une cérémonie à laquelle assitait le conseiller royal Omar Azziman.